Dans le cadre de l’opération FALKO initiée par la Hongrie et qui fait partie intégrante du cycle EMPACT (European Multidisciplinary Platform against Criminal Threats) lancé par Europol, un vaste réseau de passeurs de clandestins kosovars a été démantelé en Allemagne, Autriche, France, Hongrie, Kosovo, République tchèque et Slovaquie. Europol, Eurojust et les autorités suisses, en coopération avec quelque 400 agents de police, ont procédé à l’arrestation de 77 suspects, fait savoir un communiqué d’Europol diffusé le 25 mars 2015.
Le réseau criminel était essentiellement composé d’individus originaires du Kosovo, de République tchèque, de Slovaquie, de Serbie, de Bosnie-Herzégovine et de l’ancienne République yougoslave de Macédoine. Il recrutait des ressortissants du Kosovo et organisait leur entrée illégale sur le territoire européen, moyennant des sommes pouvant aller de 2800 euros par personne jusqu’à 7000 euros pour une famille entière dans le cadre d’un transfert du Kosovo vers la France.
En général, les migrants se rendaient par leurs propres moyens en Serbie, où ils entraient en contact avec des "facilitateurs" qui les faisaient entrer sur le territoire européen via la frontière hongroise. Une fois en Hongrie, les clandestins étaient pris en charge par une autre cellule appartenant au même réseau. Dans la plupart des cas, ils demandaient l’asile en Hongrie avant d’être transférés vers leurs destinations finales en Allemagne, France, Italie ou Suisse. Selon une dépêche de l’Agence française de presse en date du 25 mars 2015, 36 migrants auraient été illégalement introduits via ce réseau en Europe, dont 24 à Besançon (France), entre novembre et décembre 2014.
En tout, 77 membres de ce réseau ont pu être arrêtés, fait savoir le communiqué d’Europol. 46 arrestations de passeurs ont eu lieu le 24 mars 2015 (16 en République tchèque, 12 en France, 8 en Autriche, 4 en Hongrie, 3 au Kosovo, 2 en Slovaquie et 1 en Allemagne). Des opérations préalables menées dans le cadre de la même enquête avaient également permis d’arrêter 13 membres du même réseau au Kosovo, 8 en Autriche, 7 en Hongrie et 3 en Allemagne. Les autorités de police ont procédé à la confiscation de plusieurs véhicules, téléphones mobiles, cartes SIM, ordinateurs, disques durs, documents de voyage et bancaires et plus de 52 000 euros en liquide.
La situation de l’afflux de ressortissants kosovars, qui transitent par la Serbie pour entrer dans l’UE, est notamment facilitée par le régime d’exemption de visas dont bénéficient les pays des Balkans occidentaux (l’ancienne République yougoslave de Macédoine, le Monténégro et la Serbie depuis décembre 2009, l'Albanie et la Bosnie‑Herzégovine, depuis novembre 2010). Consciente de l’ampleur du phénomène, la Commission, qui a publié le 25 février 2015 son cinquième rapport d'évaluation du fonctionnement du régime d'exemption de visa, est actuellement engagée dans un dialogue sur la libéralisation du régime des visas avec le Kosovo et elle continuera de collaborer avec son gouvernement pour réduire les facteurs incitatifs de ce flux migratoire récent.
En 2014, le Kosovo était le deuxième pays de provenance (après la Bosnie-Herzégovine) des demandeurs d’asile au Luxembourg. Sur les 1091 demandeurs qu’avait recensés le pays au cours de cette année, 12,83 % (140) étaient originaires du Kosovo. Neuf avaient alors obtenu le statut de réfugiés, selon dans le Bilan 2014 en matière d’asile et d’immigration réalisé par la direction de l’Immigration du ministère des Affaires étrangères et européennes.
Pour 2015, le Kosovo est pour l’instant le premier pays de provenance des demandeurs d’asile qui arrivent au Grand-Duché. En janvier et février 2015, 52 personnes originaires du Kosovo ont introduit une demande d’asile (soit 29,4 % du total). Sur les deux premiers mois de l’année 2015, 32 personnes originaires du Kosovo ont obtenu le statut de réfugié, selon le rapport statistique concernant la protection internationale au Grand-Duché de Luxembourg au mois de février 2015 réalisé par la direction de l’Immigration du ministère des Affaires étrangères et européennes.