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Agriculture, Viticulture et Développement rural - Environnement
L’EFSA lance un appel aux données dans le cadre de l'évaluation des risques pour les abeilles associés à trois pesticides néonicotinoïdes
22-05-2015


Abeille victime des pesticides, photo documentant la situation désastreuse des abeilles au Luxembourg prise par l'apiculteur luxembourgeois Michel Colette en avril 2015 (c) Michel ColetteL’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a lancé le 22 mai 2015 un appel aux données dans le cadre de l'évaluation des risques pour les abeilles associés à trois pesticides néonicotinoïdes. L’utilisation de ces trois insecticides (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame) avait été suspendue fin 2013 au niveau européen pour une durée de deux ans. Selon cette décision, la Commission doit procéder à un examen de toute nouvelle information scientifique pertinente, dont l'appel de données constitue la première étape, explique l’EFSA dans un communiqué. L’EFSA invite les autorités nationales, les instituts de recherche, le secteur de l’industrie et les autres parties intéressées à présenter toute nouvelle information pertinente jusqu’au 30 septembre 2015. Après cette date, elle formulera ses conclusions concernant une mise à jour de l'évaluation des risques associés à ces substances.

L’interdiction des trois substances restera en vigueur durant tout le processus d'examen. Leur utilisation a été interdite en traitement du sol ou des semences, et en application préfloraison sur les cultures qui attirent les abeilles et sur les céréales autres que les céréales d'hiver.

L’EFSA poursuit par ailleurs une évaluation des risques pour les abeilles liés à l'usage des trois pesticides sur les feuilles des végétaux traités, indique le communiqué. Elle doit finaliser ses conclusions d'ici fin juillet.

La France, où le ministère de l’Ecologie a présenté le 20 mai 2015 un plan national d’action en faveur des abeilles et des pollinisateurs sauvages, devrait œuvrer pour que ce moratoire soit reconduit, voire étendu, indiquent les médias français. Une prise de position suivie de près par Déi Gréng au Luxembourg, où le député Henri Kox vient d’interpeller le gouvernement sur le sujet dans une question parlementaire datée du 22 mai 2015.

Le contexte

Pour rappel, l’interdiction de ces trois néonicotinoïdes dont l’EFSA avait mis en évidence un certain nombre de risques pour les abeilles avait divisé le Conseil. 15 États, dont la France, l'Allemagne et le Luxembourg, l’ont soutenue, mais huit l’ont combattue, dont le Royaume-Uni, l'Italie et la Hongrie, tandis que quatre s'étaient abstenus. Faute d’une majorité qualifiée, la décision sur cette proposition est revenue à la Commission qui a adopté l’interdiction de ces pesticides à partir de décembre 2013, une décision formalisée en mai 2013. Une décision contestée devant la Cour de justice de l’UE (CJUE) par les groupes chimiques Sygenta et Bayer, selon différents médias.

En mars 2015, une étude avait conclu que 9,2 % des abeilles sauvages en Europe sont menacées d’extinction – il s’agissait de la première évaluation de toutes les espèces sauvages d'abeilles (1 965 espèces au total). Ces conclusions ont amené les apiculteurs luxembourgeois à appeler à une interdiction totale des néonicotinoïdes, un appel suivi par Greenpeace Luxembourg et l'association natur&ëmwelt. En mai 2015, une étude publiée par la Commission européenne a montré que le taux de disparition des abeilles est plus élevé dans les Etats situés au nord.

L’EFSA rappelle sur son site que depuis 10 à 15 ans, les apiculteurs font état d’un affaiblissement inhabituel des populations d’abeilles et de pertes de colonies d’abeilles, en particulier dans les pays d’Europe occidentale dont la France, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie et l’Espagne, mais qu’aucune cause unique n’a été identifiée pour expliquer le déclin des populations d’abeilles. Elle évoque plusieurs facteurs qui ont été incriminés : les effets de l’agriculture intensive et de l’utilisation des pesticides, la famine ou la malnutrition des abeilles, les virus, les attaques d’agents pathogènes et d’espèces parasites, les OGM et les changements environnementaux (par exemple la fragmentation et la perte des habitats).