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Agriculture, Viticulture et Développement rural - Environnement
Greenpeace Luxembourg et natur&ëmwelt , inquiets devant la situation "désastreuse" des abeilles et autres pollinisateurs, appellent le gouvernement à "interdire immédiatement toutes les substances qui les menacent"
01-05-2015


Le 30 avril 2015, Greenpeace Luxembourg et l’association natur&ëmwelt invitaient la presse pour attirer l’attention sur la mortalité des abeilles. "La situation s’aggrave dramatiquement !", s’inquiètent les deux organisations qui semblent faire écho à l’alerte lancée deux semaines auparavant par la Fédération des unions d’apiculteurs du Luxembourg (FUAL).Abeille victime des pesticides, photo documentant la situation désastreuse des abeilles au Luxembourg prise par l'apiculteur luxembourgeois Michel Colette en avril 2015 (c) Michel Colette

Après une mortalité massive constatée dans les années 2010-2013, la situation des abeilles et des autres insectes pollinisateurs s’est encore aggravée au Luxembourg et en Europe, constatent Greenpeace Luxembourg et natur& Ëmwelt en se référant aux chiffres publiés récemment par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans le cadre de sa Liste rouge des abeilles sauvages d’Europe et selon lesquels près d’une espèce d’abeilles sauvages sur dix est menacée d’extinction. La tendance n’est pas meilleure pour les abeilles mellifères, puisque pour 7,7 % des espèces, les peuplements sont en recul, notent les deux organisations.

Et le Luxembourg ne fait pas exception puisque, selon les deux organisations, la situation y est aussi "désastreuse". "Certes il n’y a pas de chiffres officiels pour les abeilles sauvages et le comptage annuel des abeilles mellifères n’est pas encore terminé, mais les récits des apiculteurs sont alarmants", soulignent les deux ONG.

Abeilles victimes des pesticides, photo documentant la situation désastreuse des abeilles au Luxembourg prise par l'apiculteur luxembourgeois Michel Colette en avril 2015 (c) Michel ColetteMichel Colette, apiculteur luxembourgeois installé à Mertzig, est venu témoigner à l’invitation de Greenpeace Luxembourg et de natur&ëmwelt. Cet hiver, les pertes ont été dramatiques pour ses colonies, a-t-il rapporté avant d’expliquer que l’on compte au Luxembourg entre 20 et 100 % de pertes cette année. "Beaucoup d’apiculteurs ne disent rien de peur d’être moqués", a-t-il expliqué.  "Partout, c’est le même spectacle : beaucoup de pollen de maïs et de colza, pas de couvain et les ruches sont tout simplement vides", a raconté l’apiculteur qui soupçonne "un empoisonnement du pollen par tout un cocktail de pesticides". Du jamais vu pour l’apiculteur qui compte pourtant 50 années d’expérience.

Si l’utilisation de trois pesticides de la famille des néonicotinoïdes est bien suspendue depuis décembre 2013 au niveau européen en raison des risques qu’ils présenteraient pour les abeilles, Greenpeace Luxembourg et natur&ëmwelt estiment que cela n’est pas suffisant : les deux organisations exigent davantage de mesures tant en matière d’utilisation de pesticides que de soutien de la biodiversité dans l’agriculture.

Les deux ONG se montrent notamment particulièrement critiques à l’égard d’une recommandation de la Chambre d’agriculture invitant à faire usage d’insecticides contre le mégilèthe, un coléoptère qui s’attaque au colza. Une recommandation à faire usage "de substances nocives pour les abeilles" jugée "grotesque et tout à fait inacceptable de la part d’autorités publiques" par Martina Holbach. "Des substances comme la cypermethrine et la deltamethrine sont considérées comme très nuisibles pour les abeilles", a-t-elle rappelé avant d’appeler le ministre de l’Agriculture Fernand Etgen "à interdire immédiatement toutes les substances qui menacent les abeilles".

Les deux organisations, qui déplorent un manque d’engagement de la part des ministres concernés, appellent par ailleurs le gouvernement à présenter rapidement un nouveau Plan d’action national Pesticides qu’ils voient comme la dernière chance pour l’agriculture luxembourgeoise de changer de paradigme. Un tel plan d’action est prévu par la loi de décembre 2014 sur les produits phytopharmaceutiques qui transpose la directive de 2009 encadrant l’utilisation des pesticides.  La crainte de Roby Biwer, président de natur&ëmwelt, est que ce projet de plan d’action ne soit pas présenté avant l’été, et que cela ne dure encore "une éternité" avant que la moindre action concrète ne soit entreprise.