Principaux portails publics  |     | 

Institutions européennes - Justice, liberté, sécurité et immigration
Selon l’eurodéputé Vert José Bové, la décision du Tribunal de l’UE dans l’affaire Dalli ne met pas fin au "scandale" car rien n’a encore été jugé sur le fond
12-05-2015


Bove3L’arrêt du Tribunal de l’UE du 12 mai 2015 par lequel les juges européens ont rejeté le recours de l’ancien commissaire John Dalli concernant sa démission prétendument exigée par le président de la Commission européenne alors en poste, José Manuel Barroso, ne met pas un terme au "scandale" de cette affaire où "rien n’a pas été jugé sur le fond". C’est ce qu’a estimé l’eurodéputé écologiste français José Bové, qui s’était déjà exprimé à de nombreuses reprises sur l’affaire Dalli, dans un communiqué diffusé sur son site personnel dès le prononcé de l’arrêt.

"La question est de savoir si John Dalli est coupable de tentative de corruption ou s’il a été victime des manigances des industriels du tabac, en particulier de Philip Morris et de son partenaire suédois Swedish Match", avance ainsi l’eurodéputé Vert qui ne se dit d’ailleurs "pas surpris" de la décision du Tribunal. Celle-ci, souligne-t-il, ne portait en effet "que" sur le fait de savoir si l’ancien commissaire John Dalli avait "démissionné ou a[vait] été limogé" par José Manuel Barroso. "Il s’agissait d’une conversation entre deux hommes face à face puis en présence d’une poignée de haut-fonctionnaires de la Commission européenne", poursuit-il, notant que "lors de l’audience à Luxembourg, l’ensemble des témoins a corroboré les déclarations de Barroso".

Pour ce qui est du fond de l’affaire en tant que tel, José Bové rappelle que John Dalli a déposé fin 2012 une plainte en diffamation contre Swedish Match auprès de la justice belge. "Cette plainte est basée en particulier sur la déclaration faite dans mon bureau par deux employés de Swedish Match (et enregistrée avec leur accord), au cours de laquelle ils m’ont assuré que l’OLAF leur avait demandé de maintenir une accusation qu’ils s’avaient fausse, pour ne pas perturber le bon déroulement de l’enquête", ajoute José Bové. Un élément que l’eurodéputé écologiste avait déjà relaté lors d’une conférence publique sur le lobbying au niveau européen et ses dérives organisée à Luxembourg en février 2014.

L’eurodéputé Vert se dit néanmoins surpris par la lenteur de la procédure belge. Soulignant que le juge d’instruction belge Jean-Claude Van Espen avait demandé, dès le 29 mai 2013, au président du Parlement européen, Martin Schulz, s’il était possible de l’interroger sur ce point, de même que ses collègues Bart Staes (Verts/ALE) et Ingeborg  Grässle (PPE), José Bové s’étonne d’attendre "depuis plus de deux ans" une convocation de la justice belge.

Selon l’eurodéputé écologiste, il s’agit en tous les cas que "les nombreuses zones d’ombre de ce dossier" soient "éclaircies". Et José Bové de rappeler qu’à "maintes reprises", Bart Staes et lui-même avaient accusé publiquement Giovanni Kessler, Directeur Général de l’OLAF, "d’avoir manipulé cette enquête". "Ces accusations particulièrement graves n’ont jamais donné lieu à aucune réaction publique de la part de l’OLAF ou de la Commission européenne", estime ainsi l’eurodéputé Vert, qui accuse José Manuel Barroso, Catherine Day, l’ancienne secrétaire générale de la Commission, et Giovanni Kessler de "reste[r] tapis dans l’ombre" et de "préf[érer] faire le gros dos".

"A l’heure où la Commission européenne s’apprête à renégocier des accords illégaux et scandaleux avec les industriels du tabac pour, soi-disant, lutter contre la contrebande, il devient urgent de faire la lumière sur cette affaire pour virer ces criminels des couloirs de Bruxelles et des 28 capitales des Etats membres", conclut l’eurodéputé dans son communiqué d’une rare violence.