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Nicolas Sakozy a déclaré dans une interview diffusée sur France 5 ne pas attendre du Luxembourg qu’il trouve "la solution pour sortir l’Europe de la difficulté"
Les réactions fleurissent sur la toile, le gouvernement ne souhaite pas réagir et la presse, qui souligne les mérites européens du pays, rejette certains propos francophobes et appelle à la sérénité
15-07-2009


Le 13 juillet 2009, la chaîne France 5 a diffusé dans la soirée un portrait-interview du président français qui a rompu de la sorte avec la tradition du discours présidentiel prononcé à l’occasion de la fête nationale française. Ainsi, à la veille du 14 juillet, Nicolas Sarkozy s’est-il exprimé dans un entretien de 30 minutes  qu’il a accordé aux journalistes Christian Malar et Bernard Vaillot dans le cadre du magazine "À visage découvert". Cette interview, enregistrée en une seule prise un mois auparavant  était complétée par un documentaire compilant des témoignages de chefs de gouvernements étrangers.

Au menu de ce programme qui a fait l’objet de nombreux commentaires en France, le parcours politique du président, son action depuis qu’il est à ce poste mais aussi sa politique étrangère. Et c’est là que Nicolas Sarkozy, s’exprimant sur le rôle de la France dans l’UE et sur l’importance et la force du couple franco-allemand, a déclaré avoir "le plus grand respect pour la Lituanie, la Lettonie, pour le Luxembourg (…) mais c'est pas d'eux qu'on attend qu'on trouve la solution pour sortir l'Europe de la difficulté". Une sortie relevée aussitôt dans un article du journaliste Bruno Jeudy publié sur le site du Figaro le 13 juillet, juste après la diffusion du magazine.

Cette nouvelle sortie a suscité de nombreuses réactions au Luxembourg, ce dont témoignent de nombreux messages postés sur les différents forums de la toile grand-ducale, dont la teneur varie entre l’indignation polie des amis de la France, le rappel des principes européens et la franche francophobie.

Les médias n’ont pas tardé à s’en faire l’écho.

Le 15 juillet 2009, le tageblatt a réagi en considérant que "le président de la République française semble néanmoins oublier que le Grand-Duché a maintes fois assumé le rôle de médiateur en Europe, et qu'il continuera à endosser ce rôle et ceci bien au-delà du mandat du président français Nicolas Sarkozy".

D’après le Wort daté du même jour, le gouvernement luxembourgeois n’a pas souhaité faire de commentaires tandis que Jean-Claude Juncker, interrogé par la Voix, n’a pas voulu "réagir à chaud" à cette déclaration. Ainsi, "Jean-Claude Juncker a tout au plus haussé les épaules et affiché un soupir exaspéré" relève la Voix qui interprète ce silence comme "une manière de dire que la coalition a d'autres chats à fouetter avec un nouvel accord de coalition à ficeler dans un contexte financier et économique tendu".

Le journaliste de la Voix se demande pourtant, dans son article intitulé "Tir ciblé ou balle perdue", "si les relations diplomatiques franco-luxembourgeoises, déjà fragilisées, sont à nouveau mises à mal par ces flèches décochées à l'encontre du Luxembourg". "On pouvait penser que les esprits apaisé" après les tensions des derniers mois mais "voilà que le président français revient à la charge" poursuit-il, estimant que le magazine diffusé par France 5 "offrait surtout à Nicolas Sarkozy une plateforme pour mettre en avant sa stature internationale".

Revenant plus avant sur les propos du président français, le journaliste estime que "le lien tiré entre ces trois pays surprend" d’une part et par ailleurs que "la taille géographique d'une nation n'est pas à ramener à son engagement sur la scène européenne". Et de rappeler ainsi que "l'essence de I'UE est de mettre tous ses pays membres sur un pied d'égalité. Et le Luxembourg a toujours été sur le devant de la scène pour défendre des intérêts européens plutôt que de soutenir un repli sur soi."

"Reste à voir quelle lecture les dirigeants luxembourgeois font de ces propos qui peuvent être compris comme une provocation stratégique, une réflexion à l'emporte-pièce ou un lapsus" poursuit le journaliste qui conclue : "les propos de Nicolas Sarkozy soulèvent […] des questions sur le ton du gouvernement français envers ses voisins européens", et ce que "le Luxembourg proteste, s'émeuve ou en rit".

Laurent Zeimet, qui souligne dans le Wort les "cris d’indignation" qui fleurissent sur les forums Internet, appelle cependant au calme, estimant qu’il faudrait se demander si le locataire de l’Elysée n’a pas "peut-être un peu raison". "Les petits Etats ne peuvent en effet pas faire avancer tout seuls les affaires européennes" s’explique-t-il tout en rappelant qu’il est vrai aussi "que les grands, et certainement pas le tandem franco-allemand à lui tout seul, ne peuvent assurer un nouvel élan à la maison européenne". La conclusion, c’est cependant qu’ils "doivent donner l’exemple".

Karin Rippinger de 100,7 a abondé dans le même sens dans son commentaire matinal, tout en condamnant les interventions qui, sur le web, s’en prenaient aux frontaliers, qui ne sont en rien concernés par cette affaire. Pour elle, le mieux, ce serait de ne pas commenter la citation de Nicolas Sarkozy et de rester serein, selon le vieil adage repris à un internaute qu’elle cite : "Was kümmert’s die stolze Eiche, wenn das Borstenvieh sich dran wetzt".