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Énergie - Environnement
Le plan d’action national présenté par Jeannot Krecké prévoit que la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie au Luxembourg atteigne 11 % d'ici 2020
27-07-2010


Energies renouvelables (c) Union européenneLe 27 juillet 2010, le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké , a présenté le plan d’action national en matière d’énergies renouvelables qui a été approuvé par le Conseil de gouvernement au cours de sa séance du 23 juillet. Ce plan s’inscrit dans le contexte de la mise en œuvre de la directive 2009/28/CE du 23 avril 2009 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables. Cette directive prévoit pour le Luxembourg un objectif global de 11 % d’énergies renouvelables de sa consommation finale d’énergie ainsi qu’un objectif de 10 % de carburants renouvelables dans sa consommation finale d’énergie dans le secteur des transports d’ici 2020.

Le plan d’action national reprend les mesures qui doivent être prises pour atteindre les objectifs nationaux globaux et prévoit notamment le développement des énergies renouvelables sur le territoire national par le biais de la production d’électricité et de chaleur/froid à partir de sources renouvelables ainsi que par le recours aux pompes à chaleur. Il prévoit par ailleurs le mélange d'agrocarburants dans les carburants mis à la consommation au niveau national et le développement de la mobilité électrique, ainsi que le recours à des mécanismes de coopération, principalement par des transferts statistiques et projets communs entre États membres de l’Union européenne et le cas échéant avec des pays tiers.

Le coût financier en vue de la mise en œuvre des mesures sur le territoire national est chiffré à 830 millions d’euros environ, et, selon les informations de RTL Radio Lëtzebuerg, entre 1500 et 1600 emplois vont être créés dans le domaine des énergies renouvelables.

Greenpeace Luxembourg met en garde contre l’utilisation massive d'agrocarburants "nuisibles pour le climat et pour la biodiversité"

En réaction à la présentation de ce plan d’action, Greenpeace Luxembourg a demandé à Jeannot Krecké de refuser d’utiliser des agrocarburants "nuisibles pour le climat et pour la biodiversité". L’ONG craint que le plan d’action national en matière d’énergies renouvelables ne "justifie l’utilisation massive des agrocarburants au détriment d’un vrai engagement en faveur du développement des énergies renouvelables au Luxembourg".

"De nombreuses études scientifiques mettent en garde contre l’utilisation à grande échelle des agrocarburants. La demande d’agrocarburants, qui augmentera substantiellement dans les années à venir en raison de l’objectif européen dans le secteur du transport, contribuera directement et indirectement à la destruction massive de la biodiversité et sera en conflit avec les objectifs en matière de protection du climat", a expliqué Martina Holbach de Greenpeace Luxembourg.

"A cause de la politique fiscale du gouvernement en matière de carburants, la vente de ces derniers constitue presque 60 % de la consommation finale d’énergie au Luxembourg", a tenu à préciser Greenpeace Luxembourg. Ainsi, environ la moitié de l’objectif national en matière d’énergie renouvelable pourrait être atteint via le recours aux agrocarburants, comme a tenu à le souligner l’ONG.

"Bien que notre gouvernement soit conscient que les objectifs du Luxembourg en matière de protection du climat soient compromis par l’exportation massive des carburants aux consommateurs étrangers, le Luxembourg n’arrête pas cette pratique douteuse parce qu’elle remplit les caisses de l’Etat", a critiqué Martina Holbach. Et de poursuivre en expliquant que "le tourisme à la pompe servira en plus à remplir la moitié de notre objectif en matière d’énergies renouvelables par des matières hautement controversés".

Tout en rappelant qu’en juin 2008, la Chambre des députés avait adopté à l’unanimité une motion qui tient largement compte des arguments de la société civile contre l’utilisation massive d'agrocarburants, Greenpeace Luxembourg a donc demandé au gouvernement luxembourgeois de renoncer "à l’utilisation d’agrocarburants non durables pour atteindre son objectif en matière d’énergies renouvelables".

Le DP regrette que le plan d’action ne soit qu’une "déclaration d’intention dépourvue de contenu concret"

Le DP a réagi par voie de communiqué le 29 juillet en critiquant "un plan d’action sur les énergies renouvelables qui laisse plus de questions ouvertes qu’il ne donne de réponses claires". Ainsi, pour les démocrates, si le gouvernement annonce les objectifs qu’il veut atteindre, il ne dit pas concrètement comment il entend le faire.

Or, la mise en place de sites de production d’énergie éolienne ou de biomasse va prendre des années – il faut en effet trouver des sites d’implantation, des moyens de les financer, obtenir les autorisations, les construire – et le DP estime donc que le Luxembourg ne sera pas en mesure d’atteindre les objectifs fixés pour 2020. Le manque d’informations sur les installations prévues, sur leur implantation ou encore sur les délais de réalisation montre pour Eugène Berger que "le gouvernement n’a pas fait grand-chose d’autre que des déclarations d’intention depuis de nombreuses années". Le DP appelle donc le gouvernement à compléter au plus vite le plan d’action.

Par ailleurs, le DP juge la démarche du gouvernement, qui veut acheter selon des critères de durabilité des agrocarburants pour les mélanger au carburant, encore trop "hésitante". Pour Eugène Berger en effet, "le Luxembourg doit essayer d’atteindre l’objectif de 11 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale par une meilleure politique énergétique". "Le recours massif aux biocarburants n’est pas seulement très douteux du point du vue de la durabilité, mais il sera aussi sans le moindre impact positif pour Luxembourg en tant que site", poursuit le député qui voit d’un œil très critique l’introduction massive d'agrocarburants en vue d’améliorer le bilan carbone et qui voudrait que les investissements dans les énergies renouvelables profitent au développement du pays.

Pour les Verts, le plan d’action est une régression en matière énergétique

Déi gréng pour leur part ont qualifié le plan d’action national de "régression en matière énergétique". Pour eux, les objectifs d’aménagement national n’atteignent pas les potentiels prévus par le Fraunhofer Institut dans le domaine des énergies renouvelables au Luxembourg. Ils ont par ailleurs critiqué l’utilisation massive d'agrocarburants prévue par le plan d’action. Pour les Verts, les conditions pour leur utilisation massive ne sont pas remplies, d’autant plus que les risques liés à la production de ce carburant ne sont pas chiffrables et que le Parlement européen a également exprimé ses réserves à ce sujet.

"De même que pour la lutte conte le changement climatique, le Luxembourg atteindra trois quarts de ses objectifs dans le domaine des énergies renouvelables par le biais de rachats, voire d’importations", ont souligné les Verts. Selon le député Henri Kox, la façon de procéder du ministre Krecké n’a pas été influencée par le manque de potentiels d'énergies renouvelables au Luxembourg, mais par la peur du financement de leur aménagement. 1 500 à 1 600 emplois devraient être créés dans le domaine des énergies renouvelables d’ici 2020. Pour Henri Kox, un aménagement ambitieux des énergies renouvelables aurait encore davantage de répercussions positives sur le marché du travail et l’économie.