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Les six eurodéputés luxembourgeois sont préoccupés par une UE privée de moyens adéquats par les dirigeants des Etats membres de plus en plus enclins aux réflexes nationaux
01-07-2011


Conférence de presse bilan des 6 députés européens luxembourgeois, Luxembourg, 1er juillet 2011Le budget de l’UE de 2014 à 2020 et de nouvelles ressources propres, la gestion de la crise et les réflexes nationaux dans l’UE du type contrôle aux frontières intérieures de l’espace Schengen sont les grands sujet évoqués lors du bilan de l’année parlementaire 2010-2011 des six eurodéputés luxembourgeois.

Pour l’eurodéputé CSV Frank Engel par exemple, qui est partisan d’un budget européen pouvant aller jusqu’à 5 ou 10 % du PIB européen, la manière d’envisager la planification  financière de l’UE pour les années 2014-2020, sur laquelle la discussion vient de commencer, ne peut pas ne pas être liée à la crise. Mais, ajoute-t-il, les Etats membres ne pensent pas ainsi. Alors qu’au Parlement européen les députés Jutta Haug, Alain Lamassoure et Guy Verhofstadt avaient proposé en avril 2011 un budget de l’UE "raisonnable" portant sur 1 % du PIB européen, mais basé sur des ressources propres, la Commission vient de présenter le 29 juin 2011 une proposition dont Frank Engel dit qu’elle obéit déjà d’avance aux injonctions de la lettre des dirigeants allemands, britanniques, finlandais, français et néerlandais de décembre 2010, dont le ténor était de facto le gel des dépenses de l’UE. 

Avec une telle attitude de la Commission, il pense que la politique de la stratégie Europe 2020 ne pourra pas être financée. D’autre part, les Etats ne veulent pas que l’UE dispose d’un système de ressources propres ou de nouvelles ressources propres. On se réfugie derrière les règles nationales, et l’UE "devient otage du nationalisme électoral", comme quand l’Allemagne a réussi à geler toute décision sur la Grèce avant que les élections régionales de Rhénanie du Nord – Westphalie n’aient eu lieu. "Mais ce genre de réflexe national ne rapporte rien, puisque ces élections ont été perdues", conclut-il, désabusé.

Frank Engel, conférence de presse bilan des membres luxembourgeois du PE,  1er juillet 2011Frank Engel se demande où l’UE en sera dans six mois, alors que le discours que les Etats membres savent tout mieux faire prolifère. Lui-même est en faveur d’une augmentation de la quote-part de la TVA reversée à l’UE. Une partie de la taxe professionnelle perçue par les Etats membres, et dont le reversement est souvent scindé en une partie revenant aux autorités centrales, une autre allant aux autorités régionales et/ou locales, pourrait aussi aller à l’UE. Et l’idée de la taxe sur les transactions financières, il la trouve viable. Mais il montre aussi du doigt, dans un contexte où les Etats membres rechignent à augmenter les moyens de l’UE,  la révision de la directive sur la taxation de l’énergie qui devrait coûter quelques 200 milliards aux contribuables européens, et dont sa collègue Astrid Lulling, a-t-on appris lors de la rencontre, est la rapporteure au Parlement européen.

En conclusion, le budget de l’UE doit pour Frank Engel "être alimentaire et basé sur des ressources propres." Mais on en est loin, car une telle approche, "c’est aussi la fin des modérations budgétaires et autres chèques".  

Robert Goebbels, conférence de presse bilan des membres luxembourgeois du PE,  1er juillet 2011L’eurodéputé socialiste Robert Goebbels est lui aussi préoccupé par une Commission qui, avec ses propositions budgétaires, a abdiqué devant les Etats membres de son droit d’initiative dans "un esprit d’obéissance qui devance les ordres". Ses propositions sur quelques petites nouvelles ressources propres "échoueront". Le volume budgétaire projeté "ne suffit pas à nos ambitions". Et parallèlement, on déconstruit Schengen et la libre circulation des personnes. Pour l’eurodéputé socialiste, il faut sortir de la logique "I want my money back" qui date de 1984, de l’époque du chèque britannique. Des nouvelles ressources propres basées sur le reversement d’un pourcent supplémentaire de TVA à l’UE serait une opération blanche pour le contribuable, mais bénéfique pour l’UE. La taxe sur les transactions financières est déjà plus difficile, car il faut faire attention aux délocalisations. Surtaxer les bénéfices des banques et des bonus des "traders" serait plus utile selon lui. La taxe sur les émissions de carbone par contre ne fait pas partie des options de Robert Goebbels, qui a déjà multiplié ses mises en garde et qui est d’avis que l’industrie financière pousse vers cette taxe qui, de concert avec le système ETS, risque de mener à la prochaine grande bulle financière et à son explosion.       

Claude Turmes, conférence de presse bilan des membres luxembourgeois du PE,  1er juillet 2011Quant à l’eurodéputé vert Claude Turmes, il estime que les politiques de sortie de crise se font toutes "sur le dos des petites gens". On refuse de prendre en compte le côté recettes des choses pour rééquilibrer les efforts demandés. Or, il faut "une sortie de crise plus équilibrée, sinon on perd les gens". Dans ce contexte, des "populistes de droite"- et il cite le président français et Silvio Berlusconi, ou bien l’alliance des droites au Danemark -, créent des conflits artificiels qui "servent d’exutoire à détourner le regard de la crise", des conflits qui portent surtout sur l’espace Schengen et la libre circulation des personnes. Pour l’eurodéputé vert, les propositions de la Commission ne sont pas courageuses, même s’il apprécie l’idée de la taxe sur les transactions financières, celle d’une plus grande flexibilité sur les engagements de fonds structurels et l’accent mis sur le paquet infrastructures. Lui aussi est plutôt pour de nouvelles ressources propres, mais en même temps, pour que cela soit bien accepté, pour une discussion en profondeur avec les parlements nationaux sur les flux budgétaires.

Charles Goerens et Georges Bach, conférence de presse bilan des membres luxembourgeois du PE,  1er juillet 2011Le libéral Charles Goerens, qui voudrait voir sortir l’UE de la dépendance budgétaire des Etats membres, le chrétien-social Georges Bach, qui veut une UE dotée des moyens de ses ambitions, et Astrid Lulling, qui veut une PAC dotée de manière adéquate, tout en étant méfiante à l’égard d’une taxe sur les transactions financières, sont tous, avec des nuances, en faveur de nouvelles ressources propres.