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L’hebdomadaire Lëtzeburger Land pointe la déception de la base du LSAP à l’égard du projet européen en vue de l’université d’été des socialistes
07-09-2012


LandDans son édition du 7 septembre 2012, le Lëtzeburger Land a publié, en vue de l’université d’été du LSAP du 22 septembre prochain à Remich qui "se penchera sur l’avenir de l’Europe", une analyse sur la relation complexe que direction et base du parti socialiste entretiennent avec le projet européen depuis la crise. "La crise de légitimation, que l’intégration subit dans tous les Etats membres, pose des défis au LSAP plus qu’à aucun autre parti politique", écrit Romain Hilgert, le secrétaire général de l’hebdomadaire. Ce qui explique selon lui le choix du sujet qui sera au centre de l’événement à Remich. Europaforum.lu a d'ores et déjà relaté les interventions en amont de plusieurs dirigeants socialistes, comme Ben Fayot, Alex Bodry ou Robert Goebbels.

Le journaliste et analyste politique formule plusieurs thèses :

  • le LSAP est un parti inconditionnellement pro-européen ;
  • le LSAP sait comme tous les autres partis que le petit Luxembourg ne peut prospérer que s’il se lie à des partenaires plus grands que lui ;
  • le LSAP sait que l’UE n’a jamais été un projet social-démocrate, mais plutôt inspiré par la doctrine sociale catholique.    

Pour corroborer cette dernière thèse, Romain Hilgert met en évidence que le groupe des sages dirigé par le président du Conseil européen qui a rédigé un rapport sur l'avenir de l'Union économique et monétaire est composé par les présidents de la Commission européenne, José Manuel Barroso, de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et qu’ils sont tous d’obédience chrétienne-démocrate. Ce qui lui fait dire : "On dit pourtant qu’il y a encore dans l’Union des personnes qui sont d’un autre bord politique, mais l’on ne ressent pas la nécessité de leur demander leur avis."

Pour Romain Hilgert, "l’orientation unilatéralement néolibérale de la politique européenne, avec la dérégulation et la privatisation qui s’imposent dans tous les Etats membres, fait que le LSAP éprouve de plus en plus de difficultés à faire accepter cette politique par son électorat." Le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen avait été un premier désaveu lancé par l’électorat socialiste au LSAP. Le parti avait massivement fait campagne pour le "oui", relate le journaliste, mais c’est son fief, le canton d’Esch, qui a été le seul canton à voter en majorité contre le traité.

Romain Hilgert est convaincu que le fossé qui s’est ouvert en 2005 entre le LSAP et sa base ouvrière persiste. Il se serait même élargi, dans la mesure où cette base aurait l’impression que la politique de discipline budgétaire prive les parlements nationaux de leurs compétences et démantèle l’Etat-providence. Dans ce sens pour Romain Hilgert, "c’en est fini du rêve européen pour une partie de la base du LSAP". D’autre part, ses dirigeants n’apprécient guère le retour en force de la méthode intergouvernementale, où le chancelier allemand et le président français "donnent le la". Conséquence actuelle de cette évolution selon Romain Hilgert : les dirigeants du LSAP sont obligés de porter tous leurs espoirs sur le président François Hollande et vont devoir accomplir un important travail de persuasion à l’égard de leurs membres à Remich.