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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
Au matin d’un Conseil européen consacré à l’avenir de l’UEM, Jean-Claude Juncker esquisse dans un entretien au Luxemburger Wort quelques unes des questions qui seront débattues par les chefs d’Etat et de gouvernement
18-10-2012


Au matin d’un Conseil européen qui sera consacré notamment à des discussions portant sur l’avenir de l’UEM et, partant, à l’établissement d’un mécanisme de surveillance unique (MSU) conçu comme la première étape d’une future Union bancaire, le Luxemburger Wort publiait une brève interview du Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Le 12 octobre, le rapport intermédiaire sur l'avenir de l'UEM à la rédaction duquel il a participé et qui va servir de bases aux discussions de ce Conseil européen était publié par les soins des services d’Herman Van Rompuy.www.wort.lu

Cet entretien est l’occasion pour Jean-Claude Juncker de rappeler que les propositions du ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, qui font la une dans la presse européenne ces deux derniers jours, ne sont pas nouvelles.  "Aucun de ces points ne fait l’objet d’un consensus au sein de l’Eurogroupe", "ni au sein du Parlement européen", précise Jean-Claude Juncker.

Wolfgang Schäuble plaide notamment pour un renforcement des pouvoirs du commissaire en charge des Affaires monétaires en le dotant, a-t-il indiqué, d’autant d’influence que le commissaire en charge de la concurrence, ce qui lui permettrait de pouvoir intervenir plus fortement dans la planification budgétaire des Etats membres et de pouvoir par exemple décider seul de retoquer un projet de budget.

Jean-Claude Juncker rappelle à ce sujet qu’il n’a eu de cesse de plaider en faveur d’une mutualisation accrue des responsabilités en matière budgétaire, et doter le commissaire en charge des Affaires monétaires de plus de droits fait partie à ses yeux de cette orientation. En revanche, il souligne aussi que le commissaire en charge de la concurrence ne peut prendre aucune décision seule : ses décisions doivent être portées par l’ensemble de la Commission.

Quant au rôle des parlements nationaux dans ce processus, Jean-Claude Juncker est convaincu de la nécessité de respecter la souveraineté des parlements en matière de budget. L’idée que le commissaire en charge des Affaires monétaires puisse renvoyer à un parlement un budget qu’il a déjà voté et exige de ce parlement qu’il le révise ou qu’il le reformule, ne passera pas simplement sans de vastes débats, prévient ainsi le Premier ministre luxembourgeois.

Jean-Claude Juncker indique aussi qu’il est en faveur de la mise en place d’une "Euro-formation" au sein du Parlement européen. Mais, précise-t-il, la question de savoir si seuls les parlementaires des 17 Etats membres de la zone euro pourront participer au processus de décision est loin d’être tranchée. En effet, explique-t-il, à l’exception du Royaume-Uni et du Danemark, tous les Etats membres de l’UE se sont engagés à introduire l’euro lorsqu’ils rempliront les critères. La question est donc de savoir si les parlementaires de ces 25 pays devront discuter et participer au processus de décision sur les questions concernant l’euro.

Pour ce qui est de savoir combien de temps il faudra pour voir établie une Union politique, Jean-Claude Juncker, prudent, explique que tout dépendra de prochaines étapes qui seront entreprises. "Si nous arrivons à avancer de façon structurelle en matière de lutte contre la crise, il nous faut nous pencher résolument sur la question de l’établissement d’une Union politique", indique le président de l’Eurogroupe. L’échéance du mois de décembre lui semble pour autant brève dans la mesure où il n’y a pas encore eu de vaste débat sur le sujet au Conseil européen. Mais Jean-Claude Juncker est conscient que le monde attend de savoir à quoi ressemblera l’UE à l’avenir, tandis que les Européens voudraient eux aussi savoir "où les conduira le voyage".

Lorsque le journaliste Jakub Adamowicz lui demande comment il explique l’euroscepticisme grandissant,  Jean-Claude Juncker, qui constate que ce sentiment progresse aussi au Luxembourg, explique que les gens attendent de l’UE et de la zone euro des décisions très percutantes et compréhensibles et négligent le fait que nous sommes confrontés à une crise comme nous n’en avons jamais connue. "A question compliquée, il n’y pas de réponse simple", conclut le Premier ministre.

En ce qui concerne son avenir tout proche, Jean-Claude Juncker rappelle qu’il n’a pas laissé planer le moindre doute lorsque son mandat à la tête de l’Eurogroupe a été reconduit : il aimerait mettre fin à ses fonctions de président de l’Eurogroupe en fin d’année, et ses collègues le savent.