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Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Jean-Claude Juncker a invité ses collègues à préparer sa succession à la tête de l’Eurogroupe qu’il souhaiterait quitter d’ici fin 2012 ou début 2013
03-12-2012


Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 3 décembre 2012 sous la présidence de Jean-Claude Juncker pour une rencontre qui fut de loin la plus brève en trois ans.

Une semaine à peine après l’accord politique trouvé le 26 novembre dernier pour procéder au déboursement de la prochaine tranche de l’aide financière à la Grèce, les ministres des Finances ont fait le point sur la mise en œuvre du programme d’ajustement grec. Les procédures nationales ont été lancées en vue d’un déboursement prochain, tandis que, de son côté, le gouvernement grec lançait le matin même une opération de rachat de sa dette qui devraitYannis Stournaras et Jean-Claude Juncker lors de l'Eurogroupe du 3 décembre 2012 (c) SIP / Jock Fistick se clore le vendredi 7 décembre prochain.

S’il n’a pas souhaité commenter une opération en cours, Jean-Claude Juncker s’est toutefois dit confiant à l’issue de la réunion de l’Eurogroupe. Les créanciers privés de la Grèce se sont vus proposés jusqu'à 10 milliards d'euros de titres de l’EFSF en échange des obligations qu'ils détiennent. L'Etat grec a fixé une fourchette de rachat allant d'un plancher de 30,2 % à 38,1 % (selon les échéances des titres) de la valeur des obligations rachetées, à un plafond de 32, 2% à 40,1 %. L'opération offre aux investisseurs une légère prime par rapport à la valeur de ces titres le 23 novembre dernier sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Elle porte sur des obligations arrivant à échéance entre 2023 et 2042, pour un montant global de quelque 62,3 milliards d'euros.

L’Eurogroupe se réunira le 13 décembre 2012 pour faire le point sur cette opération dont les résultats ne seront pas sans incidence sur la suite qui sera donnée à l’aide à la Grèce, comme l’indiquait l’accord trouvé le 26 novembre dernier.

Michael Noonan, Vassos Shiarly, Jean-Claude Juncker et Jutta Urpilainen à l'Eurogroupe du 3 décembre 2012 (c) SIP / Jock FistickLa réunion du 13 décembre prochain sera aussi l’occasion de revenir sur le cas de Chypre. Les ministres des Finances ont en effet été informés des résultats de la dernière mission de la troïka à Nicosie, et ils ont pu discuter des principaux éléments du futur programme d’ajustement macroéconomique qui conditionnera l’aide demandée par Chypre. Jean-Claude Juncker a d’ailleurs salué les premiers efforts de Chypre pour mettre en œuvre les actions sur lesquels se sont entendus la troïka et les autorités chypriotes, notamment en matière de consolidation budgétaire. Olli Rehn a pour sa part salué les progrès faits dans les discussions portant sur le futur programme d’ajustement, notant les convergences de vues observées au sujet des politiques à mettre en œuvre pour renforcer les finances publiques, réformer le système financier et améliorer la compétitivité. Les ministres des Finances attendent désormais les résultats de l’audit sur le capital nécessaire pour le secteur financier et ses répercussions sur l’aide financière pour le 13 décembre. La réunion fut toutefois l’occasion pour Jean-Claude Juncker d’appeler Chypre et la Troïka à conclure rapidement leurs discussions sur le programme de façon à aboutir à un accord rapide.

Les ministres ont examiné le 6e rapport de la troïka sur la mise en œuvre du programme d’assistance au Portugal. Présenté le 19 novembre dernier, ce rapport est "globalement en bonne voie". Les versements de l’aide au Portugal suivent donc leur cours : l’Eurogroupe a donné son feu vert au déboursement d’une nouvelle tranche d’aide au Portugal à hauteur de 2,5 d'euros milliards en janvier 2013.

Les ministres ont fait le point sur la mise en œuvre du programme d’assistance au secteur bancaire espagnol. L’ESM a annoncé le jour même avoir reçu la demande formelle introduite par le gouvernement espagnol. L’ESM se prépare donc, deux mois à peine après son lancement, à verser autour du 12 décembre quelques 36,97 milliardsLuis de Guindos Jurado en discussion avec Jean-Claude Juncker lors de l'Eurogroupe du 3 décembre 2012 (c) Conseil de l'UE d’euros en vue de la recapitalisation des quatre entités nationalisées BFA-Bankia, Catalunya Banc, NCG Banco et Banco de Valencia, une somme à laquelle il faut ajouter 2,5 milliards d’euros qui seront versés à la SAREB, la structure de défaisance des actifs immobiliers toxiques des banques espagnoles. Cette décision fait suite à l’approbation par la Commission du plan de restructuration des quatre établissements financiers de groupe 1 qui avait été annoncée le 28 novembre dernier.

Parmi les points discutés à l’Eurogroupe, le commissaire Olli Rehn a souhaité mettre l’accent sur le two-pack, paquet de deux règlements visant à compléter le six-pack et à renforcer encore la gouvernance économique de la zone euro. Ce paquet législatif pourrait représenter à ses yeux l’un des fondements de l’UEM approfondie que la Commission appelle de ses vœux, comme elle l’a formulé dans sa contribution à la réflexion sur ce sujet le 28 novembre dernier. Le sujet est à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Finances de l’UE du 4 décembre, et Olli Rehn a donc lancé un appel aux ministres à trouver un accord sur ces textes qui vont clarifier les procédures de la surveillance renforcée à laquelle sont soumis les Etats membres faisant face à des difficultés financières, qui vont fixer un cadre lié au traité aux conditions qui vont de pair avec l’aide financière, mais qui vont aussi harmoniser le calendrier de préparation et d’adoption des budgets nationaux des Etats membres de la zone euro dans le cadre du semestre européen. Olli Rehn a exprimé son espoir de voir un accord trouvé le Jean-Claude Juncker présentant à la presse les résultats de la réunion de l'Eurogroupe du 3 décembre 2012 (c) Conseil de l'UElendemain au Conseil et dans le courant de la semaine prochaine au Parlement européen.

La réunion des ministres des Finances de la zone euro fut pour Jean-Claude Juncker l’occasion de rappeler à ses collègues son désir de quitter ses fonctions de président de l’Eurogroupe "d'ici la fin de l'année ou le début de l'année 2013". "Lors de la reconduction de mon mandat, j'avais dit que je partirai. J'ai donc demandé aux membres de l'Eurogroupe de chercher un autre ministre" pour me remplacer, a annoncé Jean-Claude Juncker, dont le mandat avait été prolongé en juillet dernier."Je ne veux pas soutenir quiconque, j'ai seulement demandé à mes collègues de me trouver un successeur", a-t-il répondu à la presse lorsque la question de sa succession a été soulevée.