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Changement climatique - Énergie
Audition des commissaires désignés au Parlement européen – Désigné à l’Union de l’énergie après le rejet d’Alenka Bratusek, Maroš Šefčovič a plaidé pour des achats communs en gaz et pour une augmentation des énergies renouvelables
20-10-2014


Le candidat désigné à l'Union de l'énergie, Maros Sefcovic, lors de son audition (Source: PE)Le 20 octobre 2014, Maroš Šefčovič a passé son audition devant le Parlement européen. Le Slovaque a été désigné par Jean-Claude Juncker comme commissaire à l’Union de l’énergie, lors d’un remaniement de sa Commission, après le retrait de la candidate slovène recalée Alenka Bratusek qui était initialement prévue pour le poste, mais n’avait pas convaincu les députés. Le gouvernement slovène avait alors proposé la candidature de Violeta Bulc qui s’est vue attribuer le portefeuille des Transports. Celui-ci était initialement prévu pour Maroš Šefčovič qui avait reçu un large soutien lors de son audition  devant la commission des transports.

Maroš Šefčovič, vice-président et commissaire sortant des relations interinstitutionnelles et de l’administration ainsi qu’ancien commissaire à l’Education, a comparu devant les commissions de l'industrie, de la recherche et de l'énergie ainsi que de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.

Le candidat s’exprime pour la mise en place d’une Union de l’énergie, tout en appelant à plus de solidarité et plus de coopération entre les Etats membres, selon ses réponses aux députés.

Il appelle à "décarboniser" l’économie européenne en adressant les objectifs de la feuille de route pour un Europe compétitive et sobre en 2050 qui vise à réduire de 80 à 95 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050, par rapport à leur niveau de 1990. Pour y arriver, il faut également renforcer le système d'échange de quotas d'émission de l'UE (ETS) et améliorer l’efficacité énergétique, estime-t-il. Il plaide pour une augmentation de la part des énergies renouvelables, tout en jugeant que l’Europe devrait devenir numéro un mondial dans ce secteur.  L’achèvement du marché intérieur pour l’énergie constitue également une priorité pour le Slovaque qui espère plus de compétition afin de réduire les prix de l’énergie.

Maroš Šefčovič veut renforcer le projet de corridor gazier sud-européen

Lors de son audition, il a déclaré soutenir l’objectif de réduction de 30 % en matière d’efficacité énergétique, proposé par la Commission en juillet 2014, en estimant que l’Union aurait épargné, d’ici 2020, l’énergie équivalent à la consommation de l’Italie en un an, grâce à la directive Ecodesign de 2005, visant à réduire la consommation des appareils électriques comme les frigos ou les machines à laver grâce à une meilleure conception.

Maroš Šefčovič a proposé que les Etats membres procèdent à des achats communs en gaz, une idée défendue notamment par la Pologne afin de faire face aux écarts de prix sur le marché et réduire la dépendance énergétique de la Russie. Avec cette position, le candidat diverge clairement  de celle de son prédécesseur Günther Oettinger qui était très critique à ce sujet. Le Slovaque a d’ailleurs reproché à la Russie, comme l’avait fait Günther Oettinger il y a quelques jours, de se servir de l’approvisionnement de gaz comme une "arme politique" contre l’Ukraine ce qui est "inacceptable". Le candidat désigné s’engage à œuvrer pour la sécurité d’approvisionnement en matière d’énergie dans les prochains mois, sur la base de la stratégie sur la sécurité énergétique proposée par la Commission en mai 2014. Pour rappel, l’Union importe 53 % de son énergie et six Etats membres dépendent à 100 % des importations de gaz russe.

Le député Krišjānis Karins (PPE) voulait connaître la position du candidat sur le projet de gazoduc Southstream, destiné à distribuer du gaz russe à l'Europe en contournant l'Ukraine et géré en partie par Gazprom. La suspension de ce projet en juin a "de bonnes raisons", a estimé Maroš Šefčovič, précisant que l’Union ne peut pas accepter une entreprise en Europe qui "ne respecte pas les règles européennes".

Il a plaidé pour un renforcement du projet de corridor gazier sud-européen, censé relier le marché du gaz de l’UE aux plus grandes réserves mondiales de gaz du bassin de la mer Caspienne et du Moyen-Orient et qui "nous aidera à diversifier les sources d’énergie", selon le candidat. Alors que l’Union reçoit déjà des volumes de gaz de l’Azerbaidjan, des négociations sur la fourniture de gaz pourraient être entamés avec d’autres pays comme le Turkménistan, a insisté Maroš Šefčovič.

Quant aux grands rendez-vous internationaux sur le climat à venir comme la conférence de Paris en 2015 qui vise à conclure un accord global sur la réduction du CO2, Maroš Šefčovič a confirmé qu’il y sera présent en tant que négociateur pour l’Union.

Les députés saluent "les bonnes connaissances" du dossier du candidat

Pour le PPE, Maroš Šefčovič a démontré ses "plutôt bonnes connaissances" alors qu’il n’avait que cinq jours pour se préparer à l’audition. Le groupe se félicite du fait que le candidat soutient l’objectif de 30 % en matière d’efficacité énergétique ainsi que la diversification des sources d’approvisionnement en énergie et salue sa position critique vis-à-vis la Russie.

Le groupe S&D estime que le candidat slovaque "assurera que la politique climatique ne restera pas derrière la politique de l’énergie", jugeant que la politique du climat et de l’environnement "ne doit pas devenir une partie de l’Union de l’énergie, mais une priorité". Le candidat " a montré, malgré une courte préparation, qu’il a de bonnes connaissances", a déclaré Mattias Groote, notant que le Slovaque a formulé "une vision claire et durable" de la politique de l’énergie et du climat et qu’il est "le bon candidat" pour le poste de vice-président. La députée Dan Nica a salué l’engagement du candidat de donner la priorité à l’investissement et d’assurer la compétitivité de l’industrie.

L’eurodéputée Julie Gierling (ECR) a pour sa part jugé sur son compte Twitter que Maroš Šefčovič maitrisait bien son dossier et s’était bien préparée en peu de temps.

Le groupe des Verts n’a pas encore réagi sur l’audition de Maroš Šefčovič, mais a annoncé le 20 octobre 2014 qu’il ne donnera pas son aval à la Commission de Jean-Claude Juncker en raison des "fausses priorités" du collège, selon une proposition de résolution déposée par le groupe. Il regrette entre autres qu’une partie des membres ait été élue en fonction de leur affiliation politique, et non pas de leur compétence, et que l’équilibre des sexes n’ait pas été respecté. Il critique également le chevauchement de plusieurs portefeuilles comme celui de l’Union de l’énergie avec celui de Miguel Arias Cañete, désigné pour le poste de commissaire à l'Energie et au Climat.