Alors que l’agenda en matière de migration présenté par la Commission européenne et le mécanisme temporaire de relocalisation des demandeurs d’asile qu’il introduit ont suscité les réserves de plusieurs Etats membres de l’Union européenne (UE), la Confédération européenne des syndicats (CES) a estimé, le 5 juin 2015, que les gouvernements des pays de l’UE avaient "le devoir de répondre collectivement et de façon responsable à la crise humanitaire en Méditerranée" jugée "d’une ampleur sans précédent" par la CES.
Pour mémoire, après la répétition de naufrages dramatiques en Méditerranée qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de migrants au début de l’année 2015 et la tenue, dans ce contexte, d’un Conseil européen extraordinaire consacré à cette thématique, la Commission européenne a proposé, le 13 mai 2015, son agenda en matière de migration.
Celui-ci prévoit notamment plusieurs mesures qui ont suscité des réserves de la part de plusieurs Etats membres, en particulier deux mesures phares, à savoir la proposition d’un mécanisme temporaire de relocalisation dans les Etats membres des demandeurs d’asile arrivés sur le territoire de l’UE ainsi que la recommandation d’un mécanisme volontaire de réinstallation dans l’UE de personnes déplacées se trouvant en dehors du territoire européen.
Concrètement, le mécanisme de relocalisation vise à répartir, dans les Etats membres, les demandeurs d’asile arrivés en Italie ou en Grèce en vue de soulager ces deux pays confrontés à des arrivées massives. Il s'appliquera aux ressortissants syriens et érythréens ayant besoin d’une protection internationale et concernera 40 000 personnes en deux ans.
Le mécanisme de réinstallation, pour sa part, vise à accueillir dans l’UE des personnes déplacées issues de pays tiers et dont l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a reconnu qu'elles ont manifestement besoin d'une protection internationale. Il fonctionnera sur une base volontaire et devrait concerner 20 000 personnes en deux ans.
"L’UE est confrontée à une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. Sa réponse doit être ferme et humanitaire", a ainsi déclaré la secrétaire générale de la Confédération, Bernadette Ségol, à l’issue d’une réunion syndicale à Rome, le 5 juin 2015, comme le relate un communiqué diffusé par la CES. Et si la Confédération salue dans ce contexte "le leadership dont a fait preuve la Commission en proposant une solution européenne" et annonce soutenir "largement ses propositions", elle estime que c’est désormais au tour des gouvernements nationaux "de montrer qu’ils sont capables d’agir efficacement ensemble".
"J’en appelle à ces gouvernements pour qu’ils ne fuient pas leurs responsabilités en laissant entendre que la crise concerne les seuls pays dont les côtes se trouvent être les plus proches pour les réfugiés", a notamment indiqué Bernadette Ségol, selon des propos rapportés dans le communiqué de la CES. Dès lors, la Confédération en appelle aux ministres de la Justice et des Affaires intérieures de l’UE, qui se réuniront lors d’un Conseil de l’UE les 15 et 16 juin, ainsi qu’aux chefs d’État et de gouvernement qui se retrouveront en Conseil européen les 25 et 26 juin, pour leur demander de soutenir les propositions de la Commission.
La CES appelle notamment les Etats membres à :
La CES souligne par ailleurs qu’un des meilleurs moyens de faire en sorte que les migrants soient les bienvenus dans les villes et les cités européennes est de s’assurer qu’ils bénéficient du même salaire et des mêmes conditions de travail que les travailleurs locaux et que les employeurs ne les exploitent pas pour faire baisser les salaires.
"Je ne saurais trop insister sur le fait que les syndicats et la mise en œuvre des conventions collectives peuvent contribuer à une intégration réussie des migrants dans la société en assurant l’égalité de salaire et de traitement pour tous", a encore dit Bernadette Ségol.