L’ICE visant à inscrire le droit à l’eau comme un droit universel a été lancée en juin 2012. Quelques mois plus tard, elle était la première ICE à passer le cap du million de signatures nécessaires et dès le 9 mai 2013, "Right2Water" avait dépassé le seuil des 7 pays et du million de signatures nécessaires pour que l’ICE puisse être prise en compte. Au Luxembourg, le quorum des 4500 signatures requis avait été atteint début mai 2013.
Forts du soutien de 1,68 million de citoyens et des seuils légaux largement dépassés dans 13 Etats membres, les organisateurs de l’ICE avaient transmis officiellement leur initiative à la Commission européenne en décembre 2013. Une fois validée, une ICE permet à un million de citoyens provenant d’au moins un quart des Etats membres de l’UE d’inviter la Commission européenne à présenter une proposition législative dans des domaines relevant de la compétence de l'UE.
Le 19 mai 2014, la Commission européenne donnait une suite favorable à l’ICE "Right2Water". Si, dans sa communication, elle reconnaissait "clairement l’importance de l’eau comme bien public", elle indiquait cependant que les services liés à l'eau dans le marché intérieur relevaient "avant tout du ressort national". A la lumière de l’ICE, la Commission avait pris les engagements suivants :
"Près de deux millions de citoyens ont signé cette ICE et la réponse de la Commission européenne n'a tout simplement pas été suffisante", a indiqué Lynn Boylan, invoquant les "craintes sérieuses et légitimes concernant la privatisation des services liés à l'eau" que nourrissent les citoyens. "L'eau est un droit humain, et non une marchandise et ne devrait être traitée de la sorte", a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué publié sur le site de son groupe politique, la rapporteure s’est félicitée que les amendements visant à exclure les services liés à l’eau des règles du marché unique et des accords commerciaux, comme le TTIP, aient été acceptés.
Dans leur résolution, les députés regrettent que la communication de la Commission pour répondre à l'ICE et à l'audition des organisateurs du l’ICE au Parlement le 17 février 2014 soit "sans ambition réelle, ne réponde pas aux demandes concrètes exprimées dans l'ICE et se limite à réitérer les engagements déjà pris". Lors de leur audition, les organisateurs de l’ICE avaient en effet instamment invité la Commission européenne à garantir l'accès à l'eau et aux services d'assainissement comme un droit humain, et à s'engager juridiquement à ce que les services liés à l'eau ne soient pas libéralisés au sein de l'UE.
Par ailleurs, les eurodéputés redoutent que l'Union européenne, en négligeant les ICE "couronnées de succès et largement soutenues", ne perde toute crédibilité aux yeux des citoyens.
Ainsi, ils appellent la Commission à présenter des propositions législatives, incluant, si nécessaire, une révision de la directive-cadre de l'UE sur l'eau (directive 2000/60/CE), afin de reconnaître l'accès abordable à l'eau comme un droit humain.
Par ailleurs, les députés font remarquer que les États membres ont le devoir de garantir l'accès à l'eau à tous, quel que soit le fournisseur, et de veiller à ce que les prestataires fournissent de l'eau potable et améliorent les installations d'assainissement.
Ils estiment également que l'UE devrait rester neutre par rapport aux décisions nationales régissant la propriété des compagnies d'eau. Étant donné que les fournisseurs d'eau proposent des services d'intérêt général, ces services devraient être exclus de manière permanente des dispositions européennes sur le marché unique.
De plus, en raison du caractère spécifique de l'eau et des services d'assainissement, comme la production, la distribution et le traitement, il est impératif de les exclure de tout accord commercial négocié ou envisagé par l'UE, ajoutent les parlementaires.
Le rapport sera mis aux voix lors de la session plénière des 7-10 septembre 2015 à Strasbourg.