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Traités et Affaires institutionnelles
La Chambre des députés a débattu du programme du nouveau gouvernement
Le député vert François Bausch dépose une motion appelant le gouvernement à ne pas soutenir la candidature de Barroso à la présidence de la future Commission européenne
30-07-2009


Le 30 juillet 2009, la Chambre des députés s’est réunie pour débattre des priorités du programme gouvernemental qui avait été présenté la veille par le Premier ministre Jean-Claude Juncker.

Les prises de position se sont essentiellement articulées autour des questions soulevées par les défis posés par la crise économique et financière : situation financière de l’Etat, marché du travail, sécurité sociale ou encore pensions, mais aussi développement durable et humain ont ainsi animé les débats à la Chambre.

A l’issue des débats, le gouvernement s’est vu accorder la confiance de la majorité des membres de la Chambre lors du vote de la traditionnelle "motion de confiance" ; le texte a rencontré l’aval de 38 députés tandis que 19 d’entre eux votaient contre.

Les questions européennes sont apparues en filigrane et n’ont pas occupé le devant de la scène

Jean-Louis Schiltz à la Chambre lors des débats du 30 juillet 2009Jean-Louis Schiltz, qui préside le groupe politique chrétien social (CSV) depuis le 22 juillet 2009, a rappelé dans un premier temps l’importance que le gouvernement entend donner au volet social de la construction européenne, en s’appuyant notamment sur la clause sociale horizontale qu’introduira le traité de Lisbonne lorsqu’il entrera en vigueur.

C’est en conclusion de son intervention cependant que Jean-Louis Schiltz a témoigné de son profond attachement à la cause européenne. En effet, l’Europe est à ses yeux un cadre qui embrasse l’ensemble des sujets et qui se reflète dans toute la politique. Une chose devenue "évidente" maintenant, bien qu’il soit nécessaire de ne pas oublier que le projet européen est né de la volonté de ne plus avoir à subir de guerre. L’Europe aspire aussi à avoir un rôle sur la scène internationale pour le député qui n’a pas manqué de souligner l’engagement européen de la coalition tout comme la vocation européenne du Grand-Duché. En bref, sa vision est celle d’une Europe efficace, politique et solidaire.

Lucien Lux, président du groupe politique socialiste (LSAP) depuis le 22 juillet 2009, s’est attaché à expliquer les trois "chantiers" face auxquels se trouvait le nouveau gouvernement. Le premier, qui consiste à définir un "Etat social"Lucien Lux à la Chambre lors des débats du 30 juillet 2009 à la fois actif, juste, responsable, tolérant et ouvert, implique à ses yeux l’ouverture à l’Europe et aux solutions multilatérales que ce soit en termes d’emploi ou de climat. Et sur ce dernier sujet, qui lui tient particulièrement à cœur, l’ancien ministre de l’Environnement a expliqué que "nous avons besoin d’un nouvel accord multilatéral" en vue de la conférence de Copenhague de décembre 2009. S’il a explicitement évoqué le fait que le Luxembourg se devait d’avoir un rôle "actif, offensif" sur cette question, on peut comprendre, sans que cela n’ait été dit, que l’UE est là un acteur essentiel.

Du côté de l’opposition, Gast Gibéryen, président de la sensibilité politique "Alternativ Demokratesch Reformpartei" (ADR), a pour sa part asséné un non ferme à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, ajoutant que tout nouvel élargissement de l’UE devrait selon lui faire l’objet d’un référendum.

François Bausch a, dans une motion, appelé le gouvernement à ne pas soutenir la reconduction de José Manuel Barroso à son mandat de président de la Commission européenne

François Bausch, président du parti et du groupe politique déi gréng, a tenu tout d’abord à expliquer l’analyse qu’il fait des résultats des élections de juin.

François Bausch à la Chambre lors des débats du 30 juillet 2009Evoquant la situation actuelle comme une triple crise touchant à la fois l’économie, l’emploi et les valeurs, François Bausch a insisté sur l’immense responsabilité que l’Union européenne va porter lors de la conférence de Copenhague sur la lutte contre le changement climatique.

François Bausch a ensuite rappelé que le traité de Lisbonne constituerait pour l’UE un pas en avant vers l’Europe plus sociale, plus écologique et plus démocratique à laquelle il aspire. Et dans ce contexte, il a tenu à souligner qu’il attachait, avec son groupe, une grande importance à la façon dont agira la prochaine Commission européenne, et donc son prochain président. Pour lui, José Manuel Barroso, seul candidat en vue à ce poste, est frappé du sceau du néolibéralisme et il ne s’est illustré au cours de son mandat ni par sa défense d’une meilleure régulation, ni par sa défense des traités et du droit communautaire qu’il a, selon François Bausch, foulé aux pieds lors du G20 du 2 avril 2009. Le président du groupe des Verts a donc déposé une motion appelant le gouvernement à ne pas soutenir la candidature de José Manuel Barroso au poste de président de la prochaine Commission européenne.

Le Premier-ministre Jean-Claude Juncker n’a pas manqué de réagir à cette motion avant qu’elle ne soit soumise au vote de la Chambre. Comme il l’a en effet rappelé, il est désormais "trop tard" pour lancer un tel appel au gouvernement dans la mesure où José Manuel Barroso a été désigné par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne, et ce de manière formelle le 9 juillet 2009, par le biais d’une procédure écrite. Jean-Claude Juncker a tenu par ailleurs à souligner que Barroso était le candidat de tous les partis politiques représentés dans les différents gouvernements européens, et non pas seulement des néo-libéraux. Il a donc invité François Bausch à s’adresser désormais plutôt aux six eurodéputés luxembourgeois, puisque la procédure de nomination du président de la prochaine Commission européenne va se poursuivre désormais au Parlement européen dès la rentrée de septembre.

François Bausch, qui estime que "tout n’est pas encore joué" et que la question a encore des chances de revenir à la table du Conseil des ministres, n’a pas souhaité retirer sa motion après la réponse du Premier ministre. Son texte n’a cependant pas passé l’épreuve du vote et a été rejeté par 37 voix contre 13, tandis que 9 députés s’abstenaient.