L’eurodéputé libéral Charles Goerens a souligné dans son intervention la nécessité de faire face au phénomène de la mondialisation qui inquiète bon nombre d’Européens, mais sans pour autant sombrer dans le fatalisme. Il a évoqué le manque de compétences de l’Union et la responsabilité partagée des institutions européennes et des gouvernements nationaux des Etats membres dans l’apparition de la crise. Pour finir il a appelé à une solidarité européenne envers la Grèce et à une défense accrue des valeurs fondamentales qui sont à la base de l’UE.
Pour Charles Goerens, le grand défi auquel l’UE est actuellement confrontée est celui de la mondialisation. Ce phénomène "fait peur" aux citoyens européens, notamment à cause de son effet sur leur situation sociale. Mais de celle-ci, l’UE est aussi peu responsable que de la grande disparité qui existe entre les systèmes sociaux et salariaux des différents États membres de l’Union. Ces systèmes et donc ces disparités sociales relèvent de la compétence des citoyens et des gouvernements qu’ils ont élus.
"Les acquis sociaux font partie du problème et de sa solution", pense Charles Goerens, pour qui il est bien clair que l’Union européenne ne dispose pas des compétences nécessaires pour imposer des standards minimums en matière sociale. D’une certaine manière, c’est donc "au bas de l’échelle qu’on refuse" d’augmenter les compétences de l’UE. À l’heure actuelle, si des changements doivent s’opérer, ils ne peuvent venir que des responsables politiques nationaux. Aux yeux de l’eurodéputé, la solution serait d’accorder à l’UE davantage de compétences afin que celle-ci renforce les acquis sociaux.
Au sujet de l’intégration européenne au niveau économique, l’eurodéputé souligne aussi que "la mondialisation a actuellement réduit l’écart entre les nations", mais a surtout augmenté les inégalités au sein même des nations. La réponse à ce problème doit aussi venir au niveau national, car les différents Etats membres ont des modèles économiques endogènes que l’Europe "n’a pas réussi à casser". Là encore, une augmentation du champ de compétences de l’UE serait une solution efficace d’après Charles Goerens. Pour cela, il serait nécessaire d’augmenter la part du PIB qui est mise à disposition de l’UE par les Etats membres, afin que l’Union "impose sa volonté". Mais 1 % du PIB au budget européen ne peuvent pas donner à l’UE les moyens de s’imposer aux Etats.
Charles Goerens dresse donc "le constat d’un semi-échec" où l’Europe est responsable en partie seulement car elle n’a pas réussi à guider plus clairement les Etats membres face au défi de la mondialisation. Cependant, il reste convaincu que le processus d’intégration communautaire doit continuer selon la méthode Monnet, donc la méthode communautaire, qui prône une mise en commun des intérêts des nations.
L’eurodéputé a ensuite souligné que des "déficits démocratiques" émergent lors d’un partage de la souveraineté nationale par les Etats membres. Il a cité à ce titre l'exemple de la politique de défense européenne qui, selon ses mots, "n’est plus contrôlée par personne". Pour pallier ces déficits, Charles Goerens appelle à créer une assemblée paritaire réunissant des parlementaires européens et des parlementaires nationaux pour discuter des thèmes qui ont un impact sur la souveraineté nationale et ainsi définitivement mettre un terme à la COSAC.
Une autre préoccupation de Charles Goerens est celle de l’acceptation de l’Union par les citoyens qui diminue fortement dans les sondages d’opinion, les Eurobaromètres. Pour sensibiliser les citoyens européens et leur permettre de s’identifier plus fortement à l’UE, il serait pour lui judicieux de remanier les processus électoraux au niveau européen afin de les rendre plus significatifs, avec par exemple des référendums européens qui se tiennent le même jour dans les 27 Etats membres. Les partis politiques européens doivent aussi s’accorder afin de produire une pensée politique plus cohérente et éviter les clivages au sein d’un même parti dans le sens de famille politique européenne, comme c’est actuellement le cas, notamment chez les trois grandes familles politiques, les conservateurs du PPE, les sociaux-démocrates du PSE et les libéraux de l’ALDE
Par rapport à la crise actuelle, Charles Goerens a pointé du doigt la Commission et son président Barroso pour les "fautes politiques" commises durant de nombreuses années. De ce fait, pour remédier à ces fautes, il n’y a d’autre solution que de faire preuve de solidarité envers la Grèce, car toutes les autres alternatives seraient encore plus coûteuses. Cette contrainte qu’imposent la crise et la solidarité dans la crise pourrait s’avérer être un "générateur" qui permettra de redécouvrir des moyens communautaires qui n’ont pas encore été exploités dans un contexte, dans lequel, estime Charles Goerens, la paix n’est plus l’unique idée fédératrice du projet européen.
Pour finir, l’eurodéputé a fait la suggestion aux gouvernements des 27 Etats membres de reconnaître tous les arrêts de la Cour Européenne des droits de l’Homme afin de protéger les valeurs et droits fondamentaux qu’ont dernièrement si fortement réclamées les mouvances du printemps arabe.
Charles Goerens a conclu sa présentation en disant qu’il n’était "ni optimiste, ni pessimiste, mais déterminé car il existe encore de réelles chances d’utiliser des voies politiques inexploitées pour répondre aux défis qui se présentent".