Luigi Pruneti, écrivain ésotérique et grand-maître de la "grande loge italienne des ALAM" fut le dernier à prendre la parole, et ce sur la question de savoir si la civilisation européenne est en train de disparaître.
Pour Luigi Pruneti, la culture européenne connaît un grand récit fondateur de la disparition d’une culture, celle de l’Atlantide consumée par le feu, engloutie par la mer, racontée par Platon. Mais dans la réalité, aucune culture n’a jamais disparu comme ça, mais elle a vécu ou revécu d’une autre manière dans une autre culture, la culture perse dans l’hellénisme, l’hellénisme chez les Romains, la culture romaine chez ses conquérants après 476, dont les successeurs ont transmis l’idée d’Empire dans le Moyen-âge en 800, un Empire qui éclate en 1648, quand commence l’histoire laïque des Etats, etc.
Pour Luigi Pruneti, les cultures se rencontrent et se transforment de manière continue. Deux grandes révolutions, qui sont presque simultanées, touchent l’Europe au XVIIIe siècle : celle, politique, de 1789, et celle industrielle, "la plus grande", qui entraînent de multiples changements. Mais les dates en elles-mêmes ne sont que des points de référence. La réalité personnelle des acteurs de ces époques est encore autre chose. L’Europe devient puissante, et en même temps, un écrivain comme Thomas Mann la qualifie à l’aube du XXe siècle de manière très euro-centrique de "continent moral".
1989 est néanmoins effectivement une date fondamentale de l’histoire européenne. Avec le monde socialiste qui s’écroule, un milliard de consommateurs potentiels font leur entrée sur le libre marché. Mais l’Europe vit cette ouverture de manière difficile. Est-elle entrée en décadence, se demande Luigi Pruneti, s’écroule-t-elle comme porteuse de valeurs ? Il n’y croit pas. Elle est tombée dans un monde qui change et changera elle-même. Difficile néanmoins de prédire les dynamiques futures qui détermineront son devenir. Mais sa fragilité est "grandissime".
Pour Luigi Pruneti, la démocratie européenne changera : elle sera plus élitaire, moins consciente des droits fondamentaux ; le pouvoir sera plus influencé par des mouvements d’opinion ; elle souffrira de psychoses collectives comme dans le cas de la grippe aviaire ; la constitution d’un noyau de pouvoir économique sera de plus en plus difficile. Si l’Europe ne veut pas disparaître comme civilisation porteuse de valeurs comme les droits de l’homme, comme "continent moral" qui a tiré les leçons de son expérience douloureuse, elle devra travailler à un monde euro-centrique en termes de valeurs dont elle sera "le noyau et la lumière".