Dans son édition datée du 29 mai 2013, l’Echo des entreprises publie une tribune d’Henri Wagener, conseiller Affaires européennes de la Fedil qui dirige le bureau de représentation auprès de Businesseurope à Bruxelles.
Dans ce papier intitulé "L’héritage de Margaret Thatcher", Henri Wagener part du constat que "le débat autour des mérites et des inconvénients d'une politique de rigueur et de discipline budgétaire et les pressions politiques qui en découlent ne sont pas un phénomène nouveau". Il évoque la ténacité de la dame de fer qui a maintenu "le cap vers une réduction des dépenses publiques afin de rééquilibrer le budget de l'Etat britannique". Le conseiller de la Fedil estime que "l'histoire lui a donné raison" avant de rappeler un des mots d’ordre récurrents de la fédération patronale, à savoir que "le maintien de l'objectif de stabilité des finances publiques par les dirigeants européens est un signal important afin de donner à l'Union une perspective réaliste d'un aboutissement des efforts de relance".
"Une véritable politique de rigueur passe par une analyse approfondie des dépenses publiques, afin d'identifier et de remédier au gaspillage et le double-emploi", argue Henri Wagener qui cible notamment "la promesse d'instaurer une garantie jeunes qui, à ses yeux, "envoie le mauvais signal".
Certes, admet-il, "il est louable de tout mettre en œuvre afin de remédier au problème du chômage des jeunes". Mais le conseiller de la fédération patronale est d’avis qu’il "ne faut en aucun cas donner aux jeunes l'impression qu'il leur suffit de rester inactifs et d'attendre qu'un emploi ou une formation leur tombe dessus", et qu’il convient au contraire de "leur transmettre l'importance du travail et de l'effort personnel et la récompense de la qualité". "Une politique dirigiste, basée sur la sanction de l'excellence et le soutien de la médiocrité par le biais de compensations ne sera pas celle qui nous sortira de la crise", affirme Henri Wagener.
Le commentaire du conseiller de la Fedil n’est pas passé inaperçu, suscitant des réactions indignées de l’équipe des Verts luxembourgeois.
L’eurodéputé Claude Turmes souligne ainsi que le chômage des jeunes a pris dans nombre d’Etats membres des proportions dramatiques, et qu’il s’agit au Luxembourg d’un problème grandissant. Et ce n’est pas la paresse qui en est la cause, mais bien le manque d’emplois. "Au lieu de brandir des phrases populistes et de porter aux nues le démantèlement social mis en œuvre par Margaret Thatcher", la Fedil devrait, selon Claude Turmes, aller se faire une idée de ce qui se passe dans les pays en crise : "même les jeunes qualifiés ne se voient offrir que de rares perspectives d’emploi concrètes", déplore en effet l’eurodéputé. Il appelle la Fedil à "revenir à l’objectivité", arguant pour sa part qu’il faut déployer d’urgence des programmes d’investissement européens.
La députée Viviane Loschetter juge quant à elle scandaleux que la Fedil puisse "boycotter le projet de garantie pour la jeunesse". Cette mesure décidée par les politiques doit être mise en œuvre, affirme-elle, soulignant que les employeurs ont aussi une part de responsabilité sociale et doivent s’engager activement dans la lutte contre le chômage des jeunes. "Ils doivent participer à la conception de la garantie jeunes au Luxembourg et assurer qu’elle augmentera les chances des jeunes d’aboutir rapidement à une formation qualifiée et un emploi", exige-t-elle.