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Politique industrielle européenne – Les ministres de l’industrie de 17 Etats membres, dont le Luxembourg, souhaitent l’adoption d’un "programme ambitieux" au Conseil de l’UE des 20 et 21 mars
31-01-2014


© Ministero dello Sviluppo EconomicoLe 30 janvier 2014, le Vice-premier ministre et ministre luxembourgeois de l’Economie, Etienne Schneider, a participé à Rome à la deuxième conférence des "Amis de l’industrie", un groupe d’Etats membres réfléchissant aux moyens de "donner une nouvelle impulsion à la politique industrielle européenne", selon les termes employés par le communiqué de presse du ministère de l’Economie daté du 31 janvier.

Cette réunion intervenait une semaine après que le commissaire européen en charge de l’Industrie, Antonio Tajani a présenté une communication intitulée "Pour une renaissance industrielle européenne", dans laquelle il rappelait l’objectif fixé par la Commission européenne le 10 octobre 2012, à savoir que l’industrie reprenne sa part de 20 % du PIB en 2020, et identifié les moyens de l’atteindre. "La compétitivité industrielle doit être LA priorité politique du Conseil européen de mars 2014", avait alors déclaré le vice-président de la Commission européenne et commissaire européen en charge de l’industrie, Antonio Tajani.

La première rencontre des "Amis de l’industrie" avait eu lieu le 23 octobre 2013 à Paris et avait rassemblé dix Etats membres. Le ministre luxembourgeois de l’Economie, Etienne Schneider, comptait parmi les participants. Pour cette deuxième rencontre, à Rome, vingt-quatre Etats membres étaient représentés, en présence d’Antonio Tajani. Mais seuls dix-sept d’entre eux, dont le Luxembourg, ont signé la déclaration finale adressée au prochain conseil de l’UE des 20 et 21 mars 2014, dans laquelle est réaffirmée l’"espoir que le prochain Conseil européen adopte un programme ambitieux pour l’industrie européenne".

Dans leur déclaration finale, les dix-sept Etats membres désignent l’industrie comme "un élément central" de l’économie européenne, qu’il s’agit d’adapter aux nouveaux défis sociétaux "pour en faire un véritable moteur de la croissance et de la création d’emplois à long terme".

Les ministres confirment dans ce contexte l’importance de l’objectif politique visant à porter à 20 % la part de l’industrie dans le PIB européen d’ici à 2020. Cet objectif doit être "maintenu et assumé à tous les niveaux de décision", disent-ils. Ils rappellent, dans ce contexte, la teneur de l’article 173 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, lequel déclare notamment que "l'Union et les États membres veillent à ce que les conditions nécessaires à la compétitivité de l'industrie de l'Union soient assurées" et à "accélérer l’adaptation de l’industrie aux changements structurels".

Les signataires louent la "contribution importante du secteur manufacturier à la création de valeur ajoutée et à la réindustrialisation". Parce qu’elle présente "un fort potentiel en termes de création d’emplois qualifiés, d’innovation et de développement des exportations et de l’activité économique à l’échelle internationale", elle doit être au centre de l’action. Et cette action devrait s’appuyer sur un soutien renforcé aux projets de recherche, de développement et d’innovation ainsi que "déploiement des technologies clés génériques et des technologies de rupture".

Ils souhaitent que le prochain Conseil européen accorde un mandat clair au Conseil compétitivité en vue d’atteindre cet objectif.  Les ministres signataires sont en effet d’avis qu’il faudrait accorder plus d’importance au volet industriel du Conseil Compétitivité, et cite en exemple la possibilité de renforcer le rôle du "Groupe de haut niveau sur la compétitivité et la croissance" pour soutenir l’économie réelle et les secteurs industriels ayant le plus souffert de la crise.  

Les ministres plaident également en faveur d’un pacte industriel qui viendrait compléter le Pacte pour la croissance et l’emploi, dans le cadre de la stratégie Europe 2020. Ce pacte devrait s’appuyer sur un "cadre européen des politiques énergétique et climatique à l’horizon 2030" qui soit prévisible et efficace pour le secteur industriel, afin de prévenir les "fuites de carbone". La problématique du coût de l’énergie a été abordé dans un rapport présenté de concert par la Commission européenne avec le Paquet sur le climat et l’énergie 2030, le 23 janvier 2014.

Pour une adaptation de la politique énergétique et climatique ainsi que la révision de la politique en matière d’aides d’Etat et de concurrence

Les ministres abordent également la question centrale de l’ajustement entre les politiques climatiques et énergétiques d’une part, et les impératifs de compétitivité industrielle d’autre part. Ils estiment que la question de la compétitivité industrielle devrait être prise en compte lors de la conception d’autres politiques sectorielles, de manière à garantir la cohésion entre toutes les actions conduites par l’UE.

Ils sont d’avis que l’Europe doit adopter une politique énergétique et climatique orientée vers des approvisionnements à la fois concurrentiels, durables et sûrs et qui prenne en compte les écarts de compétitivité avec la concurrence, notamment en ce qui concerne les coûts énergétiques et l’évolution du risque de "fuite de carbone". Selon eux, le développement des infrastructures dans le domaine des réseaux transeuropéens des transports, de l’énergie et des télécommunications, revêtent ainsi une importance primordiale pour le développement de nos industries.

Le ministre luxembourgeois de l’Economie, Étienne Schneider, dans une intervention, s'est plus spécifiquement focalisé sur la politique énergétique européenne commune, "sans pour autant vouloir mettre en question le principe de subsidiarité quant au choix national du mix énergétique", comme prend le soin de le préciser le communiqué de presse diffusé par son ministère à l’issue de la rencontre. «Nous avons besoin de plus d'Europe, plus de marché intérieur, plus d'harmonisation et plus d'investissements dans le domaine de l'énergie», a notamment dit Etienne Schneider en appelant la Commission européenne à "intensifier ses efforts pour mieux relier les réseaux d'électricité et de gaz des pays de l'Union" et en  soulignant l’importance du développement d'une politique européenne compétitive dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, "secteurs créateurs d'emplois et garants de l'amélioration de la sécurité énergétique de l'Union". Dans ce contexte, Etienne Schneider a confié qu’il voulait poursuivre les efforts afin de connecter le Luxembourg aux réseaux de l'Allemagne, de la Belgique et de la France, dans le but "de garantir la sécurité d'approvisionnement, de soutenir le développement des énergies renouvelables et d'améliorer la compétitivité des entreprises".

Comme il l’avait déjà fait à maints reprises et notamment le 12 février 2013, notamment lors de la troisième et dernière réunion de la Table ronde de haut niveau chargée de discuter de l’avenir de l'industrie européenne de l'acier et dans une interview au Lëtzebuerger Land le 19 octobre 2012, Etienne Schneider a revendiqué des mesures de défense économique. Il a ainsi appelé le commissaire européen, Antonio Tajani, à "analyser comment mettre en place un label pour s'assurer que les produits importés respectent des standards minimaux en matière sociale et environnementale", rapporte le communiqué de presse. Il s’agit de mettre les pays européens "sur un pied d'égalité en matière de compétitivité avec les pays tiers", et notamment les pays de l’Asie et du Moyen-Orient, qui ne sont pas soumis aux mêmes obligations qu’eux.

Le 20 janvier 2014, les eurodéputés de la commission Commerce international ont d’ailleurs adopté leur position en vue d’une réforme des instruments de protection commerciale au sein de l’UE qu’ils veulent "ambitieuse".

C’est aussi pour que les entreprises européennes ne soient pas désavantagées vis-à-vis de leurs concurrents internationaux, que les dix-sept ministres signataires appellent dans leur déclaration conjointe au réexamen des règles européennes relatives à la concurrence et aux aides d’État à la lumière des changements dictés par la concurrence mondiale. Sous l’impulsion du ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a eu à ce sujet un vif échange épistolaire avec le commissaire européen en charge du commerce, Joaquin Almunía, au mois de janvier 2014, les ministres estiment que l’UE devrait se doter d’un contrôle efficace des subventions octroyées par ses partenaires commerciaux.

La déclaration conjointe cite également la nécessité de "renforcer des chaînes de valeur industrielles" afin d’améliorer de la compétitivité, et de développer  des sources de financement non bancaire, comme le capital-risque "qui joue un rôle décisif pour les PME innovantes".

Le 28 janvier 2014, BusinessEurope, organisation européenne représentant 41 fédérations patronales membres de 35 pays européens, a fait ses recommandations pour un plan d’action pour atteindre l’objectif de 2020 en déclarant par la voix de sa présidente, Emma Marcegaglia : "Si l’UE ne change pas rapidement sa politique afin de mener plus agressivement la compétition avec les blocs économiques établis et émergents, un déclin industriel est inévitable".