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Audition des commissaires désignés au Parlement européen - Jyrki Katainen, candidat à la vice-présidence en charge des emplois, de la croissance, de l'investissement et de la compétitivité, promet de stimuler l’investissement
07-10-2014


Jyrki Katainen, candidat à la vice-présidence en charge des emplois, de la croissance, de l'investissement et de la compétitivité, lors de son audition au Parlement européen (Source : PE)Jyrki Katainen, candidat à la vice-présidence en charge des emplois, de la croissance, de l'investissement et de la compétitivité, a promis lors de son audition le 7 octobre 2014 devant la commission des affaires économiques, la commission de l'emploi, la commission de l'industrie et la commission du développement régional au Parlement européen de stimuler l’investissement.

Il a tenté d’expliquer aux députés comment il entend mobiliser dans les trois prochains mois des financements à hauteur de 300 milliards d’euros, comme c’est prévu dans le paquet investissement annoncé par Jean-Claude Juncker.

Né le 14 octobre 1971, le Finlandais Jyrki Katainen fait partie des plus jeunes commissaires de l’équipe de Jean-Claude Juncker. L’ancien Premier ministre de la Finlande (de 2011 à 2014) a été décrié comme un des leaders des faucons de l'austérité en Europe. Il avait démissionné en juin pour pouvoir remplacer Olli Rehn, élu député européen, au poste des affaires économiques et monétaires et l'euro - poste intérimaire qu'il occupe depuis juillet 2014. Diplômé d’un master en sciences sociales, il devient conseiller municipal en 1993. En 1999, il est élu député. En 2004, à 32 ans, il est élu président du parti de la coalition nationale (Kok). En 2007, il devient ministre des Finances et vice-Premier ministre avant de diriger le gouvernement, après sa victoire aux élections législatives de 2011. Jyrki Katainen a été président de la section jeunesse du PPE entre 1998 et 2000 ainsi que vice-président du PPE entre 2006 et 2012, selon son Curriculum Vitae.

Jyrki Katainen veut supprimer les obstacles à l'investissement

Chargé de trouver dans les trois prochains mois des financements pour le paquet investissement de 300 milliards d’euros annoncé par Jean-Claude Juncker, selon la lettre de mission qui lui était adressé, Jyrki Katainen s’engage à mobiliser "tous les instruments disponibles". Il compte notamment promouvoir une meilleure utilisation des fonds budgétaires de l'UE, d'améliorer et de maximiser le rôle de la BEI et des banques nationales d'investissement public, selon ses réponses écrites aux députés :

  • Au niveau de l’Union, il appelle à utiliser les fonds disponibles de manière plus efficace pour soutenir l'investissement afin d’encourager la croissance créatrice d'emplois et prévoit de de recentrer encore le budget de l'UE sur l'emploi, la croissance, l'investissement et la compétitivité lors du réexamen à mi-parcours du cadre financier pluriannuel (CFP) en 2016 ;
  • Au niveau des Etats membres, il compte améliorer la qualité des dépenses publiques et veiller à ce que les Etats membres respectent le pacte de stabilité et de croissance

Pourtant, Werner Hoyer, le président de la BEI, a souligné lors d’une rencontre avec des journalistes que sa banque n’est "pas la panacée" et qu’il éviterait toute action susceptible de menacer la note du triple A, selon un article du quotidien suisse Neue Züricher Zeitung qui décrit aussi le dilemme du future commissaire de trouver des investissements.

Par ailleurs, Jyrki Katainen s’engage à supprimer les obstacles à l'investissement et de travailler en collaboration étroite avec les autres commissaires pour mettre en place une union des marchés des capitaux et finaliser l'union bancaire. Il veut contribuer à des propositions concrètes en vue de supprimer les entraves réglementaires, d'accroître le degré de certitude et de renforcer la confiance afin de débloquer l'investissement dans des secteurs clés comme l'énergie, les télécommunications ou les transports.

Il se félicite de l'assainissement budgétaire, rappelant que seulement 11 Etats – dont le Luxembourg - sont soumis à cette procédure, contre 24 en 2011. Il salue les réformes dans le domaine de l’emploi, tout en critiquant un effort  de réforme "plus limité" dans le domaine de la fiscalité, notamment en ce qui concerne la réduction de la pression fiscale sur le travail, dans les marchés des produits et des services. Il déplore des conditions de financement très difficiles dans de nombreuses régions d'Europe, en particulier pour les PME et les entreprises en phase de démarrage.

Il se dit "très préoccupé" par le chômage des jeunes, qualifiant de priorité absolue de son portefeuille le renforcement de la création d'emplois.

Le Finlandais regrette que l’austérité ait divisé l’Europe

Lors de son audition, le conservateur a contesté son image de faucon de l'austérité : "Je ne me reconnais pas dans la façon dont j'ai parfois été dépeint", a déclaré Jyrki Katainen, ajoutant que "la Finlande n'est pas le Far West". Interpellé avec vigueur par une eurodéputée socialiste portugaise sur son attitude au plus fort de la crise, il a défendu la nécessité de "se tourner vers l'avenir, de mobiliser toutes les ressources", en affirmant vouloir se "saisir de questions qui nous unissent plutôt que celles qui nous divisent".

"Je suis conscient que les programmes" d'austérité imposés aux pays en difficulté "ont exigé et exigent toujours beaucoup de sacrifices aux populations de ces pays", a-t-il reconnu. Mais "j'ai signé pour ces programmes parce que je pensais que c'était nécessaire pour la Finlande et pour l'Europe". "Une des tragédies de cette crise est à quel point elle a divisé l'Europe", a-t-il souligné. Mais "nous ne sommes plus dans une situation de panique, il y a une nouvelle phase dans notre économie" et nous "devons mettre l'accent sur l'investissement", a-t-il assuré. Le conservateur a ajouté qu’il faut continuer à réduire les déficits, ajoutant qu’il n’y a "pas de place pour un endettement plus élevé" des Etats membres. Il a estimé qu'il fallait "encourager en particulier les pays ayant des surplus à investir plus pour l'avenir".

Des réactions mitigées

Pour le groupe PPE, dont fait partie Jyrki Katainen, le Finlandais est "notre homme pour l’emploi et la croissance". "Jyrki Katainen va prouver à l’Europe que l’investissement et la discipline budgétaire ne sont pas en contradiction", a déclaré Burkhard Balz. Pour David Cesa, le Finlandais a prouvé en tant que Premier ministre comment maîtriser la dette publique. "Il est compétent et l’Union a besoin de ses capacités", estime-t-il.

Elisa Ferreira (S&D) a reproché au candidat un manque de constance entre son discours devant la commission des Affaires économiques en juillet et lors de cette audition comme le rapporte l’Agence Europe. "Vous avez dit en juillet que l'investissement et la croissance proviendraient automatiquement de l'austérité, la seule source de confiance des investisseurs, et que c'était juste une question de temps et de persistance", a-t-elle déclaré.

Le groupe ECR s’est montré "optimiste" quant au future du commissiare, en reconnaissant "sa competence" en matière de dossiers économiques et son aptitude pour le poste de vice-président de la Commission européenne. Le groupe critique néanmoins le fait que les réponses du candidat sur le paquet investissement manquaient de precision.

Le groupe GUE/NGL a annoncé son intention de demander un vote sur la nomination du Finlandais, de même pour le Britannique Jonathan Hill, désigné aux Services financiers. Le vote est prévu le soir du 8 octobre 2014. Le député Fabio de Masi reproche à Jyrki Katainen de vouloir entraîner l’Europe dans une dépression avec sa politique d’austérité et dénonce des "formules vides".

Le député allemand Sven Giegold (Verts/ALE) a dénoncé sur son compte Twitter un accord "louche" entre les deux principaux groupes politiques au Parlement européen, critiquant que le S&D devrait accepter les quatre candidats conservateurs Jyrki Katainen, Jonathan Hill, Miguel Cañete et Valdis Dombrovskis pour obtenir une réponse positive pour son candidat controversé Pierre Moscovici.