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Environnement - Transports
La Ville de Luxembourg arrive en dernière position d’une étude du Bureau européen de l’environnement sur la protection de la qualité de l’air dans 23 capitales européennes
31-03-2015


Bureau européen de l'environnementLe Bureau européen de l’environnement (BEE), en collaboration avec le "BUND – Freunde der Erde", a publié, le 31 mars 2015, un classement de 23 grandes villes européennes en matière de protection de la qualité de l’air. La Ville de Luxembourg est arrivée en 23ème et dernière place du classement alors que Zurich, Copenhague et Vienne se placent dans le trio de tête, fait savoir le communiqué de l’agence.

Le classement a évalué 23 villes européennes sur 9 catégories relatives aux transports, comme par exemple les transports durables, la gestion du trafic ou encore la communication envers les citoyens. Il s’est fondé sur les mesures prises au cours des cinq dernières années et a également pris en considération les plans de qualité de l’air prévus pour les cinq années à venir.

Réduction des émissions

L’étude du BEE s’est tout d’abord concentrée sur les émissions de particules et les progrès réalisés en la matière. A Luxembourg, elle note qu’entre 2008 et 2012, le nombre de jours où les émissions de particules ont dépassé le seuil autorisé est passé de 8 à 14, avec un maximum de 20 jours entre ces deux dates. Les valeurs moyennes annuelles de PM10 (concentration de particules fines) ont elles aussi augmenté : elles sont passées de 18,3 à 21,8 microgrammes/m³.

Le rapport note que la Ville de Luxembourg rencontre un "problème majeur" en ce qui concerne les émissions dioxyde d’azote, qui dépassent constamment, d’environ 1,5 fois, la limite fixée par l’Union européenne (UE), et aucune tendance à la réduction n’a été observée depuis 2006.

Zones à faibles émissions

De plus, la Ville de Luxembourg ne propose pas de zones à faibles émissions ("Low Emission Zone" en anglais, LEZ), note le BEE. Néanmoins, mentionne le classement, le plan de qualité de l’air de la Ville établi en 2011 prévoit de limiter l’accès à la ville aux poids lourds d’ici à 2020, mais "aucune mesure en ce sens n’a encore été prise", note le rapport.

Transports propres

Le BEE note cependant que la Ville dispose d’une flotte d’autobus "relativement moderne" car elle a mis en place un programme qui remplace 10 à 30 autobus par an. Près de 80 % des autobus remplissent la norme Euro 5 en matière d’émissions (le reste devrait s’y conformer d’ici 2020), sont des véhicules hybrides ou des véhicules propres (Enhanced Environmentally Friendly Vehicles, EEV). Même si aucune information détaillée n’a pu être obtenue concernant les réductions d’émissions de la flotte de véhicules municipaux, en général, tous ces véhicules sont équipés d’un filtre à particules, a indiqué le BEE.

Initiatives économiques  

La BEE note également que la Ville ne prévoit pas d’introduire un système de péage urbain, même s’il s’agit d’une recommandation qu’a faite l’OCDE et la Commission en 2013 déjà, en plus d’augmenter les prix des carburants et de revoir les tarifs des parkings pour réduire notamment le trafic transfrontalier en voiture. Le rapport pointe également l’initiative Prime CAR-e, portée par le ministère du Développement durable et des Infrastructures, qui consistait à accorder une prime pouvant aller jusqu’à 5000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique ou ne dépassant pas les 60 g CO2/km, mais abandonnée par la suite.

Gestion du trafic et de la mobilité

Le rapport déplore qu’à Luxembourg, 72,5 % des déplacements se font en voiture ou en moto, alors que 13 % seulement se font à pied ou en vélo et 14,5 % en transports en commun (chiffres de 2009). Il salue cependant la volonté de la Ville de promouvoir les déplacements à pied, à bicyclette ou en transports en commun, avec l’objectif d’atteindre les 25 % pour les déplacements à pied ou à vélo et les 19 % pour les transports en commun d’ici à 2020. Mais cela représenterait quand même encore 56 % pour l’usage de la voiture ou de la moto, note le BEE.

Ensuite, le BEE note que Luxembourg a une très haute part de véhicules diesel, et que 70 % de tous les nouveaux véhicules immatriculés fonctionnent au diesel. De plus, il y a plus d’emplois que d’habitants à Luxembourg, un "problème majeur" selon le BEE. Trois employés sur quatre vivent en dehors de la ville et doivent faire le trajet tous les jours pour venir travailler. En outre, il n’y a pas de système de partage de véhicules à Luxembourg, mais la Ville a annoncé qu’elle en mettrait un en place dans un "futur proche".

Promotion des transports en commun

La BEE a salué le projet de construction d’un tramway qui devrait arriver à son terme en 2020. De plus, l’agence souligne qu’une extension du système de transport en autobus est prévue et que les gares ferroviaires périphériques sont en phase de modernisation et d’extension. L’augmentation du nombre de places de parking en Park & Ride devrait également permettre de faire passer la part des déplacements en transports en commun à 25 % d’ici à 2020.

Promotion des déplacements à pied ou à vélo

Le rapport salue la promotion de la mobilité douce avec, notamment l’extension du réseau de pistes cyclables de 140 km en 2010 à 160 km en 2015, ou encore l’extension "constante" du système municipal de partage de vélos "vel’oh!", qui est passé de 250 vélos et 25 stations en 2008 à environ 770 vélos et 70 stations en 2015.

Transparence et communication

Selon l’étude du BEE, la Ville de Luxembourg a développé un site Internet dédié à la qualité de l’air, qui propose au téléchargement les rapports mensuels sur la qualité de l’air ainsi que le Plan de qualité de l’air de la Ville. Pour plus d’informations sur les niveaux actuels de pollution, le site de la ville renvoie au site du ministère du Développement durable et des Infrastructures qui propose une carte interactive et des informations sur la législation en vigueur. Cependant, ces deux sites web ne sont "pas très attractifs ni très structurés ou intuitifs", a souligné le BEE.

La Ville de Luxembourg déplore la réalisation et la publication d’un "rapport se basant sur des informations incomplètes, voire erronées, et le manque de rigueur dans la collecte d’informations"

Au lendemain de la publication du rapport du BEE, la ville de Luxembourg a publié une prise de position dans laquelle elle entend "rectifier un certain nombre d’éléments qui sont présentés de manière erronée» et déplore la réalisation et la publication d’un "rapport se basant sur des informations incomplètes, voire erronées, et le manque de rigueur dans la collecte d’informations".

Le collège des échevins, auteur de cette prise de position, a dénoncé l’approche scientifique de l’étude jugée "peu fiable" du fait que "les auteurs n’ont formulé aucune demande officielle à la Ville de Luxembourg pour avoir des informations". Ainsi, ils ont tenu à citer quelques exemples d’informations erronées dues au fait qu’un "amalgame est constamment fait entre des mesures étatiques et des mesures communales" : ils indiquent par exemple qu’il y a eu une tendance claire de diminution des émissions de dioxyde d’azote entre 2009 et 2013 mesurées au Centre Hamilius où le taux est passé à 52 µg/m3, que les autobus de la Ville respecteront tous au moins la norme Euro 5 fin 2015 et non en 2020 ou encore que le tram circulera à partir de 2017 et non 2021.