Principaux portails publics  |     | 

Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Economie, finances et monnaie - Fiscalité
Equilibre budgétaire, réforme du pacte de stabilité, frontaliers et Grande Région : l’Europe a tenu sa place dans la conférence de rentrée politique du Premier ministre
03-09-2010


Au cours de sa conférence de presse pour la rentrée politique d’automne, le 3 septembre 2010, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a abordé de front de nombreux points liés à la politique européenne, en écho à ce qui avait été évoqué en séance au Conseil de Gouvernement du même jour.Drapeaux luxembourgeois et européen (c) SIP / Christof Weber

Des finances publiques en équilibre en 2014 dans un contexte de croissance non consolidée

Dans un premier temps, Jean-Claude Juncker s’est rallié aux prévisions sur la croissance émises par le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, le 2 septembre 2010, qui voit pour 2010 la croissance en zone euro à 1,6 % contre 1 % précédemment. En 2011, la croissance devrait atteindre 1,4 %,  contre 1,2 % prévus jusqu'ici. Même si le Luxembourg fera mieux que cela, avec peut-être une croissance allant jusqu’à 1,8 % en 2010, les prévisions pour 2011 sont encore aléatoires. Des facteurs de risque qui pèsent sur une consolidation de la croissance actuelle se sont déjà fait sentir aux Etats-Unis. Après une année 2008 à croissance nulle, après une année 2009 avec une récession de 4,2 %, avec une année 2010 avec une croissance évaluée entre 1,4 et 1,8 %, le Luxembourg se retrouvera selon le Premier ministre à la fin de l’année 2010 dans une situation en-dessous de celle de 2008, à peine égale à celle de 2007. C’est peut-être fin 2011 que les choses iront un peu mieux. La conséquence qu’en tire le Premier ministre : il est faux de dire que tout va mieux, et le gouvernement poursuivra sa politique d’économies pour que les finances publiques – avec leurs trois volets, Etat central, communes et systèmes de protection sociale – soient en équilibre en 2014. Et là, "de grands efforts sont encore à faire, et ce sera dur".

Le travail de la task force sur la gouvernance économique

Interrogé sur le travail de la task force sur la gouvernance économique européenne, présidée par Herman Van Rompuy, et la réforme du système de sanctions du Pacte de stabilité et de croissance, Jean-Claude Juncker s’est déclaré satisfait avec le travail de celle-ci, mais "pas du tout content" avec les résultats de ce travail.

Des propositions comme la suspension du droit de vote ou l’interruption des aides structurelles pour un Etat membre qui n’agirait pas conformément aux termes du Pacte de stabilité impliqueraient dans le premier cas un changement du traité européen, et dans le second cas ne seraient pas susceptibles de rencontrer un consensus dans les institutions qui ont une autorité budgétaire, c’est-à-dire le Conseil et le Parlement européen. On pourrait certes aboutir à un accord intergouvernemental qui permettrait de suspendre le droit de vote d’un Etat membre, mais cela ne plaît guère à un Jean-Claude Juncker partisan de la méthode communautaire et non intergouvernementale.

D’autre part, agiter le spectre de l’exclusion de l’euro, c’est, selon Jean-Claude Juncker, ouvrir la porte "à un drame permanent de la spéculation", ce qui serait ingérable. Finalement, le Pacte de stabilité réformé devra toujours aménager aux Etats membres des possibilités pour réagir dans certaines circonstances difficiles de manière anticyclique sans encourir de sanctions.

Jean-Claude Juncker penche plutôt en faveur de sanctions préventives, voire en faveur de la prévention que constitue le "semestre européen"  - une idée luxembourgeoise, a souligné le Premier ministre – qui, du fait que les Etats membres devront soumettre leurs orientations budgétaires à leurs pairs, sera autrement plus effectif.

Impôt sur les transactions financières

Jean-Claude Juncker s’est déclaré en faveur d’une taxe sur les transactions financières. Mais sceptique sur la possibilité de pouvoir imposer un tel impôt au niveau international, il serait heureux si les 27 arrivaient à l’adopter. Sinon, il sera introduit dans les pays de la zone euro. En même temps, il a salué l’accord sur la supervision financière du 2 septembre 2010 et exprimé l’espoir que le Conseil Ecofin du 7 septembre l’avalisera.

La suppression des allocations familiales à partir de 18 ans et les frontaliers

Interrogé sur les conséquences des lois supprimant les allocations familiales à partir de 18 ans pour les frontaliers qui ont des enfants en âge d’étudier, du fait que ceux-ci ne peuvent accéder en compensation aux allocations d’études de l’Etat luxembourgeois, Jean-Claude Juncker a déclaré que les pressions venaient plus des médias, "spécialement les médias qui s’expriment en langue française", que des gens eux-mêmes.

Il s’est déclaré "triste" et "irrité" d’être accusé de mener une politique nationaliste et contre les frontaliers, surtout de la part des syndicats, dont l’un, l’OGBL, a déposé une plainte auprès de la Commission européenne. Ne souhaitant pas prendre position à cette date, le Premier ministre est d’avis qu’il ne faudrait pas pousser cette affaire jusqu’au bout, par égard pour l’atmosphère qui règne dans le pays. "Mais si le Luxembourg doit calculer, il le fera !", a-t-il prévenu en ajoutant qu’il ne connaissait aucun pays qui exportait ses allocations d’études. Jean-Claude Juncker s’est pas ailleurs déclaré convaincu que la manifestation syndicale du 16 septembre 2010 sera un succès, "car les membres des syndicats veilleront à ce que leurs syndicats ne perdent pas la face ce jour-là". 

Grande Région

Il a annoncé par ailleurs que la Maison de la Grande Région à Luxembourg sera le siège du Groupement européen de coopération territoriale (GECT) de la Grande Région. Trois personnes seront engagées dans le cadre de ce projet pour lequel un budget luxembourgeois de 130 000 euros est prévu. La création de cette structure permanente, annoncée en juillet 2009, devrait rendre la Grande Région plus opérationnelle et lui permettre d’assurer un suivi plus conséquent de ses projets.

La France et les Roms

Interrogé sur la manière dont la France traite actuellement le dossier des Roms, Jean-Claude Juncker a déclaré "qu’il ne pensait pas qu’une politique est justifiée quand elle est contradiction avec les règles européennes". Il faut selon lui éviter de stigmatiser une partie de la population de l’Europe. Il s’est enfin déclaré confiant que des mesures justes pourront être prises dans un cadre européen. Il a d’autre part été clair sur le fait que chacun doit respecter les lois du pays européen dans lequel il se trouve. "Mais les Roms ont une histoire tragique et leur cas doit intéresser l’Europe. Tout en ne connaissant pas la situation française dans le détail, j’éviterais une certaine rhétorique", a-t-il enfin déclaré.

Proche-Orient

Le Premier ministre a regretté que l’Europe ne soit pas assise à la table des négociations qui viennent de débuter à Washington : "L’UE est responsable de son absence, car elle n’est pas en mesure de trouver une position commune sur le Proche Orient", a déclaré Jean-Claude Juncker. La question sera de nouveau soulevée lors du Conseil européen du 16 septembre 2010.