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Justice, liberté, sécurité et immigration
Midi de l’Europe – Robert Goebbels plaide pour une politique européenne d’immigration aussi ouverte que possible, assortie d’une lutte renforcée contre l’immigration illégale
11-11-2011


Robert Goebbels, eurodéputé socialiste, mais aussi signataire historique de l’accord de Schengen pour le Luxembourg, était l’invité des Midis de l’Europe qui se sont tenus le 11 novembre 2011 autour du sujet "Schengen et Frontex, objectifs et réalisations".L'eurodéputé Robert Goebbels lors des Midis de l'Europe du 11 novembre 2011

Après un rappel historique sur Schengen, qu’il continue de considérer comme une des plus grandes réalisations de l’UE, comme un acquis énorme pour près de 400 millions de citoyens concernés aujourd’hui, Robert Goebbels a évoqué les activités de Frontex. Cette agence coordonne l’action des Etats membres en matière de contrôle aux frontières extérieures et il conviendrait, selon Robert Goebbels, de la doter d’un budget plus élevé pour qu’elle puisse remplir sa mission. Car, pour l’eurodéputé, si l’on n’a plus de contrôles aux frontières intérieures, il est logique de renforcer les frontières à l’extérieur.

Robert Goebbels plaide pour une politique d’immigration aussi ouverte que possible en Europe, car l’UE en a tout simplement besoin ne serait-ce que d’un point de vue géographique. Mais cette politique ouverte doit aller de pair selon lui avec la lutte contre l’immigration illégale, qui alimente souvent la criminalité via une exploitation éhontée des plus pauvres et qui représente un nombre bien plus grand de personnes que celles arrivées par la voie légale. "On ne peut pas accueillir toute la misère du monde", estime en effet Robert Goebbels qui voit dans la pression migratoire exercée sur l’Europe une preuve que l’Europe ne se porte pas si mal.

"Nous avons besoin de gens qualifiés, mais aussi de personnes moins qualifiées", résume Robert Goebbels qui ne perd pas de vue les problèmes que pose dans leur pays d’origine le départ d’élites bien formées pour les pays européens. Pour Robert Goebbels, le meilleur moyen de faire en sorte que ces élites travaillent dans leur pays et contribuent à leur développement, c’est d’aider à y mettre en place un Etat de droit. Mais, comme il a pu le constater en Tunisie où il est parti comme observateur lors des élections du mois d’octobre 2011, la démocratie est un processus difficile. "Ces élections ont été parfaitement organisées, en toute transparence", note Robert Goebbels. Mais le nombre de listes et de partis était immense, ce qui s’explique par un enthousiasme compréhensible des citoyens dont beaucoup ont voulu se présenter, constituer leurs propres listes. Et en fin de compte cet émiettement du paysage politique a servi la victoire, certes relative, du parti islamiste Ennahda.

L’eurodéputé a évoqué les critiques et tensions observés au cours des derniers mois du fait de l’afflux d’immigrants observés à la suite des événements qui ont bouleversé la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Les milliers de clandestins de Lampedusa, que les Etats membres de l’UE n’ont pas réussi à se répartir, ne sont pourtant rien aux côtés des 1,3 millions de Libyens réfugiés en Tunisie, observe l’eurodéputé. Pour rappel, l’Italie avait réagi à cet afflux de réfugiés en leur donnant des permis provisoires de circuler dans l’espace Schengen, la France surenchérissant tout simplement en voulant rétablir les contrôles aux frontières avant d’exiger des modifications du traité. Un brin moqueur, Robert Goebbels a demandé à voir ce qu’aurait bien pu donner la réintroduction de tels contrôles sur les frontières que passent les quelques 500 000 travailleurs frontaliers qu’exporte la France chaque jour…D’autres pays ont rétabli les contrôles, comme le Danemark, quand d’autres en ont discuté, comme les Pays-Bas, le tout pour des raisons que Robert Goebbels juge populistes. Cette vague de contestation de Schengen semble passée désormais et la Commission a mis sur la table une proposition de réforme du système Schengen qui laisse une certaine latitude aux Etats membres, mais instaure un contrôle de la Commission.  Pour Robert Goebbels, la proposition de la commissaire Malmström est raisonnable et mérite un plein soutien. L’eurodéputé relève par ailleurs que les Etats qui disent le plus souffrir de l’afflux de réfugiés ne sont pas forcément ceux qui, en proportion, font face aux plus grandes difficultés, comme en témoigne la situation récente du Luxembourg.

Pour ce qui est de la Bulgarie et de la Roumanie, qui espéraient pouvoir intégrer l’espace Schengen cette année, Robert Goebbels a fait part de son espoir que les blocages opérés par certains pays, comme la Finlande et les Pays-Bas, pourront être levés l’année prochaine.