Dans un article paru dans le Tageblatt daté du 15 mars 2012, le journaliste Guy Kemp évoque un rapport du Parti socialiste européen (PSE) consacré au chômage des jeunes. Un rapport adopté par le parti le 9 février 2012 et dont la rédaction a été coordonnée par le ministre luxembourgeois Nicolas Schmit. Celui-ci avait annoncé début octobre 2011 la volonté des ministres socialistes du Travail et de l’Emploi de l’UE de se coordonner dans la lutte contre le chômage des jeunes.
Entretemps, le rapport a été présenté aux membres de la commission de l’Emploi et des Affaires sociales du Parlement européen. 5,5 millions de personnes âgées de moins de 25 ans sont sans emploi dans l’UE. Pour Nicolas Schmit, qui a déjà évoqué le cas des jeunes Portugais qui viennent tenter leur chance au Luxembourg , le problème est "dramatique" dans des pays comme l’Espagne, la Grèce et l’Italie, des pays marqués par une contraction de leurs économies ces dernières années.
Le chômage des jeunes est "un énorme défi pour l’UE", a confié le ministre luxembourgeois à Guy Kemp. S’il se réjouit, qu’après bien des discussions, le sujet ait été inscrit à l’ordre du jour du Conseil européen, Nicolas Schmit déplore cependant un manque d’orientations claires et de solutions qui seraient à la hauteur du problème.
Dans une lettre ouverte au Conseil européen datée du 1er mars 2012, le PSE avait appelé de ses vœux l’instauration, d’ici fin 2013, d’une garantie contraignante pour la jeunesse en Europe qui marquerait l’engagement à assurer à chaque jeune un emploi, un enseignement postscolaire ou une formation professionnelle après quatre mois de chômage.
"Il importe que les jeunes gens ne soient pas laissés trop longtemps de côté", a en effet expliqué le ministre socialiste. Une telle mesure existe déjà en Autriche et en Finlande, et Nicolas Schmit souhaiterait la mettre en œuvre au Luxembourg d’ici la fin de l’année. Il entend en discuter avec les partenaires sociaux le 27 mars prochain, avec l’espoir ou en tous cas la nécessité d’obtenir le soutien du patronat.
Nicolas Schmit précise toutefois que les offres d’emploi faites aux jeunes dans le cadre de cette garantie ne devraient pas être des emplois précaires, car, à ses yeux, les jeunes aussi devraient se voir offrir des offres d’emploi sûres. L’objectif est en tous cas d’élargir aux jeunes de tous les pays de l’UE une telle offre. Au Luxembourg, 2200 jeunes sont au chômage, et pour 1000 d’entre eux, cela fait plus de quatre mois.
Certes, reconnaît le ministre, ce n’est pas aisé, surtout pour ce qui est de trouver les financements liés à une telle initiative. Nicolas Schmit évalue le coût d’une telle mesure à 10 milliards d’euros pour les trois à quatre prochaines années. Le ministre imagine que cet argent pourrait venir de fonds européens non utilisés dans le cadre du FSE.
Le rapport du PSE indique que 30 milliards d’euros du Fonds social européen ne sont pas utilisés. Aux yeux de Nicolas Schmit, il importe de privilégier surtout les pays qui souffrent le plus de la crise et où le taux de chômage des jeunes est au plus haut. Et puis, observe le ministre, le coût d’une telle mesure est relativement peu élevé au regard des coûts générés par le chômage des jeunes : il évalue autour de 100 milliards d’euros le prix de la chute de la productivité qu’il implique et des assurances sociales. D’après les socialistes, cette mesure pourrait permettre de voir créer 2 millions de nouveaux emplois pour des jeunes gens fin 2013.
Mais plus largement, les socialistes européens insistent pour que toutes les politiques économiques et budgétaires prennent en compte l’objectif de promouvoir l’emploi pour les jeunes gens. Leur souci, c’est de ne pas accepter que la présente génération devienne une génération perdue. En plus de la garantie contraignante mise en avant par le ministre Schmit, qui est leur mesure phare, les socialistes européens dressent une liste de dix-neuf autres mesures concrètes pour promouvoir l’emploi, la formation professionnelle et l’éducation pour les jeunes.
Les effets du chômage des jeunes
Le rapport du PSE se concentre dans un premier temps sur les effets du chômage des jeunes. En décembre 2011, 5,5 millions de jeunes de l’UE étaient sans emploi, un chiffre qui correspond à la population du Danemark, et même au double de celle de la Slovénie, comme le souligne le rapport.
Malgré de grandes disparités entre les différents pays, la moyenne du taux de chômage des jeunes dans l’UE est deux fois plus forte : 22,1 % contre 9,9 % pour le reste de la population active. Le chômage des jeunes se fait particulièrement sentir dans les régions rurales. Et c’est sans compter que beaucoup des jeunes qui ont un travail sont obligés de travailler à temps partiel, ont des contrats limités dans le temps, sont payés moins et bénéficient d’un moindre niveau de sécurité sociale.
"Lutter contre le chômage des jeunes est non seulement un défi moral, social et économique, mais aussi une nécessité pour une société saine", rappellent les auteurs du rapport qui soulignent que le fonctionnement des systèmes sociaux européens dépend dans une large mesure des contributions des citoyens, et donc de la capacité de ces derniers à contribuer.
L’importance de l’entrée sur le marché du travail est aussi soulignée : ce moment est déterminant pour les perspectives de revenus pendant toute la vie, pour les perspectives de carrière, ainsi que pour le niveau de la retraite. Sans compter que les périodes de chômage en début de carrière ont une incidence sur les compétences des jeunes, ainsi que sur leur attractivité pour les employeurs. Et qu’elles augmentent le risque d’un chômage futur. Nombreux sont qui plus est les jeunes qui acceptent des emplois moins qualifiés et moins bien payés que ce qui correspondrait à leur niveau d’étude.
Les socialistes observent que l’impact du chômage chez les jeunes femmes est encore plus inquiétant, et ce notamment dans les pays où les employeurs ont à leur charge les congés maternités. Par ailleurs, les jeunes qui n’ont jamais travaillé n’ont bien souvent droit à aucune aide sociale, ce qui accroît le risque d’exclusion sociale et renforce la dépendance économique vis-à-vis des familles.
Tout cela a aussi un effet négatif sur la croissance économique. Le rapport du PSE cite ainsi des chiffres d’Eurofound qui indiquent qu’en 2008, pour 21 Etats membres, les conséquences de millions de jeunes gens n’ayant pas de travail ni de formation ont engendré un coût d’au moins 2 milliards d’euros par semaine, ce qui équivaut à 1,1 % du PIB. Or, rappellent les socialistes, les jeunes ont été très fortement frappés par la crise, et les conséquences de leur chômage sont donc d’autant plus graves. "La lutte contre le chômage des jeunes est une pré-condition à la relance", plaide le PSE qui y voit aussi un moyen d’éviter "une catastrophe sociale". La réintégration sur le marché du travail de 10 % des jeunes chômeurs permettraient d’économiser plus de 10 milliards d’euros par an, avancent les auteurs du rapport en se basant sur les chiffres d’Eurofound.
Les causes du chômage des jeunes
Le rapport se penche ensuite sur les causes du chômage des jeunes, qui sont multiples et qui varient selon les régions et selon les Etats membres.
La première explication que donnent les socialistes, c’est le manque de nouveaux emplois et la crise économique, qui a aggravé la situation, n’est pas la seule en cause. Le manque d’investissements dans les secteurs à haute intensité de main-d’œuvre, la désindustrialisation dans plusieurs pays, la sous-traitance de la production sur d’autres continents, la réaffectation des fonds de l’économie réelle en direction des marchés financiers, l’affaiblissement des systèmes de sécurité sociale et des politiques en matière d’emploi, le manque de responsabilité sociale des entreprises et le pouvoir accru des actionnaires ont conduit, selon l’analyse du PSE, à une réduction inquiétante du nombre d’emplois en Europe au cours de la dernière décennie.
Les socialistes fustigent aussi les politiques d’austérité imposées par les gouvernements conservateurs, tandis que les incertitudes économiques ont repoussé nombre d’investissements qui auraient pu contribuer à la création d’emploi. Les coupes budgétaires ont particulièrement affectés les jeunes générations, estime en effet le PSE.
Le PSE pointe aussi le manque d’éducation et de formation de nombre de jeunes gens dont les compétences ne correspondent pas à la demande dans un marché du travail où les emplois moins qualifiés se font toujours plus rare. Le décrochage scolaire inquiète tout particulièrement les socialistes qui observent aussi que le nombre d’étudiants de 3e cycle est trop bas pour faire de l’Europe une économie de la connaissance. Malgré les expériences très positives de systèmes d’éducation duels, qui combinent éducation formelle et expérience professionnelle, trop peu d’Etats membres ont introduit de tels systèmes et le soutien apporté aux apprentissages de qualité est trop faible, déplore les auteurs du rapport.
Autre problème identifié par les socialistes, les lacunes de l’orientation professionnelle dans la plupart des Etats membres.
Le rapport pointe aussi le fait que certains groupes de jeunes gens souffrent de discriminations. Malgré un niveau de formation souvent plus élevé que celui des jeunes hommes, les jeunes femmes souffrent plus du chômage et ont plus tendance à trouver des emplois précaires. Les jeunes gens issus de l’immigration et ceux appartenant à une minorité ethnique ou religieuse font eux aussi face à des discriminations du même ordre. Les jeunes gens souffrant de handicap sont eux aussi très touchés par le chômage et ont du mal à entrer sur le marché du travail.
On abuse des stages, dénoncent aussi les socialistes qui voient dans ce phénomène une augmentation de la ségrégation du marché du travail entre stagiaires peu ou pas payés et employés qui font à peu près le même travail.
Le rapport évoque aussi comme explication la faiblesse des politiques actives en faveur du marché du travail, dénonçant notamment une inefficacité ou une insuffisance des services de placement.
Autre explication avancée, les obstacles à la mobilité des jeunes chômeurs : alors que certaines régions, rurales notamment, offrent peu d’emplois, d’autres, le plus souvent des grandes villes, manquent de personnel qualifié, ce qui vaut aussi à l’échelle de l’UE entre différents pays. Or, le soutien à la mobilité des jeunes qui résident dans des régions marquées par un fort chômage est insuffisant et qui souhaiteraient faire choix de partir est insuffisant.
Les 20 propositions du PSE pour lutter contre le chômage des jeunes
Viennent ensuite les propositions faites par le PSE pour lutter contre le chômage des jeunes.
La première d’entre elle est la fameuse garantie mise en avant par le ministre Schmit, qui consisterait à développer dans toute l’UE la bonne pratique mise en place par l’Autriche en 2008 et la Finlande. Une garantie qui devrait être inscrite dans les lois des Etats membres d’ici 2013, mais aussi inscrite dans un "Pacte européen pour l’Emploi et le Progrès social" que le PSE souhaiterait voit venir compléter le Pacte de stabilité et de Croissance. Sa mise en œuvre devrait être suivie dans le cadre du semestre européen et les Etats membres n’introduisant pas cette garantie devrait être sanctionnés, précise encore le rapport.
Le PSE appelle de ses vœux l’adoption d’une stratégie européenne pour l’Emploi des Jeunes qui devrait être dotée de 10 milliards d’euros par an au moins au niveau européen. La priorité serait de créer de l’emploi pour les jeunes gens et d’investir massivement à cet effet. A court terme, les fonds européens inutilisés pourraient être réaffectés au financement de cette stratégie avant que la stratégie ne soit intégrée, à partir de 2014, dans le budget de l’UE. Les revenus de la TTF pourraient être en partie investis dans cette stratégie européenne, tandis que des programmes complémentaires devraient être financés au niveau national en ciblant notamment la création d’emplois dans les zones rurales, dans les régions où le taux de chômage est particulièrement élevé et en visant les jeunes gens ayant le moins d’opportunité de façon à combattre les discriminations. Il s’agirait de soutenir financièrement les entreprises, ONG, autorités publiques et autres employeurs créant de nouveaux emplois décents pour les jeunes. D’autres projets spécifiques, concernant par exemple le secteur de la croissance verte, pourraient être financés.
Le PSE plaide pour l’établissement d’un grand programme d’investissements publics et privés d’un montant annuel de 210 milliards d’euros pour les dix prochaines années. L’ambition des socialistes est que ce programme permette de créer 12 millions de nouveaux emplois, faire baisser le chômage à un taux de 7,7 % et de réduire considérablement le chômage des jeunes. Pour ce qui est de la méthode, ils préconisent de cibler les investissements dans des secteurs comme l’économie verte, le secteur IT, les nanotechnologies et le secteur de la santé. Ce programme pourrait aussi soutenir l’entreprenariat des jeunes et les PME. Les socialistes ne perdent pas de vue non plus le secteur manufacturier qui pourrait être soutenu de façon à ce qu’il puisse faire face au défi de la décarbonisation de l’économie, de l’innovation et de l’amélioration de la condition des travailleurs. Les investissements dans l’éducation, l’infrastructure, l’efficacité énergétique ou encore l’innovation apparaissent cruciaux aux yeux des auteurs du rapport. Dans le cadre de ce programme, le PSE insiste pour que les pays bénéficiant d’un plan d’aide puissent bénéficier des fonds du FSE sans cofinancement national pour les projets visant à lutter contre le chômage des jeunes. Le financement de ce programme nécessiterait, au-delà des investissements privés, une hausse de 1,1 % des dépenses publiques. Elle pourrait être financée par une taxe sur les transactions financières, une taxe sur le carbone, en luttant contre l’évasion fiscale, en rendant plus progressifs les systèmes fiscaux et en supprimant progressivement les subventions aux formes d’énergie non durables.
Le PSE appelle à adapter les législations nationales et européenne afin de permettre un accès égal de tous les jeunes à un emploi de qualité. Il ne devrait pas y avoir d’emplois sans droits sociaux, ni de secteurs du marché du travail qui restent inaccessibles aux jeunes gens. La lutte contre le chômage des jeunes ne doit pas être un prétexte à une réduction de la protection des travailleurs et aux licenciements de travailleurs plus expérimentés. A cet effet le PSE encourage, lorsque c’est dans l’intérêt des travailleurs, le partage d’un emploi entre jeunes employés et travailleurs plus âgés. "Il faut briser le plafond de verre" en introduisant, sur le modèle norvégien, des quotas pour les femmes dans les conseils d’administration des entreprises, poursuivent les socialistes en abordant un sujet cher à Viviane Reding. L’orientation et l’accompagnement des jeunes doit être amélioré, et ce qui veulent créer leur entreprise doivent être soutenus financièrement. Le PSE appelle aussi à introduire ou renforcer les systèmes de chômage partiel, à réformer les politiques de restructuration de façon à ce que les travailleurs licenciés soient soutenus. Les Etats membres sont invités à essayer de nouvelles mesures incitant les entreprises à créer de l’emploi pour les jeunes, par exemple par des crédits d’impôts ou des subventions directes. Le rapport évoque aussi l’introduction de sanctions, sous la forme d’amendes ou d’exclusion des subventions nationales européennes et nationales, pour les entreprises employant des jeunes dans des conditions de travail précaire. L’objectif de réduction des contrats précaires devrait être inscrit dans les conventions collectives, plaident encore les auteurs du rapport.
Le PSE souhaite aussi réviser les législations nationales et européenne afin d’assurer des emplois décents et de qualité pour tous les jeunes. Il s’agirait d’introduire des standards minimaux européens afin d’assurer aux jeunes une meilleure protection au travail. Les auteurs du rapport appellent à une action de l’UE pour réduire et harmoniser les différents systèmes de contrat existant en Europe et pour renforcer les contrats d’apprentissage. Un pacte européen pour des salaires minimums dans lequel les Etats membres s’engageraient à ce que tous les travailleurs reçoivent un salaire au-dessus du seuil de pauvreté devrait être introduit, estiment les socialistes européens qui voudraient une révision de la directive sur le temps de travail afin de limiter la durée de la semaine de travail à 48 heures dans toute l’UE. La Commission est aussi invitée à évaluer le développement de la polarisation des salaires et à proposer un plan d’action pour le limiter.
D’ici 2020, prescrit le PSE, tous les Etats membres devraient avoir introduit des systèmes d’éducation duels pour tous les métiers ne nécessitant pas des études supérieures. Ce système qui combine expérience professionnelle en entreprise et formation dans des écoles professionnelles a montré son succès, selon les auteurs du rapport qui relèvent que les pays ayant introduit un tel système, parmi lesquels le Luxembourg, mais aussi ses voisins allemands, français et wallons, ont, en moyenne, un taux de chômage des jeunes plus bas. Les auteurs du rapport envisagent par exemple de fixer des objectifs contraignants pour les entreprises d’une certaine taille afin qu’elles offrent des places en apprentissage.
Les dépenses nationales dans l’éducation devraient atteindre au moins 6 % du PIB et 6 % du budget de l’UE devraient être dépensés pour l’éducation, avancent encore les socialistes qui imaginent qu’une plus grande proportion des fonds structurels, comme le FSE, pourrait financer des projets éducatifs. La règle des 6 % pour les Etats membres devrait selon eux être inscrite dans le Pacte européen pour l’emploi et le progrès social et devrait faire l’objet d’un suivi dans le cadre du semestre européen, avec la possibilité de sanctions pour les pays qui ne remplissent pas cet objectif. Réduire le taux de décrochage scolaire est aussi un défi à leurs yeux, et ils appellent à aller plus loin que l’objectif de 10 % fixé par la stratégie Europe 2020.
Les auteurs du rapport plaident par ailleurs pour que des objectifs et stratégies communs pour l’éducation soient définis au niveau européen dont la mise en œuvre pourrait être suivie par une méthode ouverte de coordination renforcée. Le non respect des objectifs de la stratégie Europe 2020 en matière d’éducation pourrait être sanctionné, suggèrent-ils.
Le rapport insiste aussi sur la nécessité d’assurer un saut quantique en matière de qualité de l’éducation pré-primaire, primaire et secondaire, ce qui implique des investissements plus importants pour mieux former les enseignants et offrir des équipements plus modernes. Dans certains Etats membres, des réformes structurelles seront nécessaires pour permettre un accès égal des jeunes à l’éducation, avancent les auteurs du rapport qui soulignent aussi la nécessité d’un plus grand nombre de travailleurs sociaux et de cours de langues supplémentaires pour les enfants les moins favorisés.
Pour le PSE, il convient de fixer et de veiller à atteindre des objectifs ambitieux afin d’augmenter le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur. A leurs yeux les objectifs de la stratégie Europe 2020 en la matière (à savoir 40 % de la tranche d’âge des 30-34 ans ayant achevé leurs études supérieures d’ici la fin de la décennie) sont un strict minimum et les Etats membres qui ont déjà atteint ce niveau devraient s’engager à augmenter de 10 % encore d’ici 2020 la proportion de leurs diplômés. Des objectifs concrets devraient être établis pour chaque Etat membre en matière d’apprentissage d’une part et de système d’enseignement supérieur d’autre part, ce qui impliquerait de prévoir les investissements nécessaires pour répondre aux besoins futurs. La qualité de l’enseignement supérieur devrait par ailleurs être suivie de près et mieux répondre aux besoins des futurs diplômés par une meilleure information des étudiants sur les opportunités d’emploi et de carrière.
L’accès à la formation continue doit être amélioré et garanti, prônent les auteurs du rapport qui relèvent que s’il y a un consensus sur cette nécessité, peu a été fait en ce sens ces dernières années. Ils plaident donc pour l’emploi de la méthode ouverte de coordination afin d’accentuer la pression sur les Etats membres qui sont en retard sur ce plan. L’objectif est à leurs yeux que tous les Etats membres introduisent dans leur législation nationale la garantie que tout employé a droit à bénéficier de mesures d’éducation et de formation sur son temps de travail pendant au moins dix jours par an. La possibilité de déduire fiscalement les coûts de formation continue devraient être accrue, tandis que les acteurs offrant des formations devraient bénéficier d’un soutien public. L’UE devrait plus soutenir la formation tout au long de la vie, estiment-ils encore, appelant par ailleurs à réformer les systèmes éducatifs afin qu’il soit possible d’y retourner plus aisément à tout âge.
L’éducation non-formelle doit être reconnue dans toute l’Europe, estime le PSE qui souligne l’importance de ce type de formation pour les jeunes gens. Les socialistes proposent la création d’un Cadre européen d’assurance de la qualité, qui prendrait la forme d’un accord entre les acteurs de l’éducation non-formelle et qui permettrait de définir l’assurance qualité dans ce domaine, de déterminer un certain nombre de standards, de procédures et d’orientations tout en spécifiant le rôle et les obligations de tous les acteurs.
Pour le PSE, le programme Jeunesse en action doit rester indépendant et ne doit pas être intégré dans le programme "Erasmus pour tous" ainsi que le propose la Commission pour la période 2014-2020.
Les auteurs du rapport insistent sur la nécessité de favoriser le dialogue social au sujet du chômage des jeunes. A leurs yeux, le patronat peut prendre des engagements concrets pour ce qui est de créer des places d’apprentissages et des emplois pour les jeunes, tandis que les syndicats ont un rôle important à jouer pour assurer qu’il n’y a pas de discrimination structurelle des jeunes gens.
Réduire l’écart de rémunération entre les genres chez les jeunes travailleurs est aussi une des priorités du PSE qui souligne que ce dernier a tendance à s’accentuer au fil de la carrière. Les situations divergent grandement d’un pays à l’autre, mais les auteurs du rapport observent que l’écart de rémunération est causé, dans bien des pays, par une ségrégation du marché du travail qui porte les femmes plus que les hommes vers les secteurs les plus mal rémunérés. Réduire cet écart en début de carrière peut, au-delà de la question évidente de justice sociale, contribuer à augmenter le pouvoir d’achat et à encourager les femmes à avoir des enfants. Les socialistes proposent, sur la base de collectes de données annuelles au niveau européen sur les écarts de salaire dans les différents groupes d’âge, que tous les Etats membres acceptent de réduire l’écart de 1 % par an, jusqu’à ce que l’équilibre soit atteint. Un objectif dont la réalisation devrait être suivie dans le cadre du semestre européen et des instruments de la stratégie Europe 2020. La Commission devrait veiller au respect de la législation en matière d’égalité des genres mais aussi développer un plan d’action comprenant de nouvelles mesures, comme par exemple l’exclusion des marchés publics et de l’accès aux fonds européens des entreprises ayant un important écart de rémunération entre les genres.
Le PSE plaide aussi pour que la Commission propose un règlement-cadre sur les stages afin d’éviter l’exploitation des jeunes. Ce texte devrait définir les standards minimaux pour les stages, à savoir un contrat écrit fixant les horaires de travail, une assurance santé et le salaire minimum national pour les stages de plus de trois mois. Les stages, dont la durée ne devrait pas dépasser six mois, seraient pris en compte pour le calcul des retraites et les stagiaires ne devraient pas représenter plus de 10 % de la force de travail d’une entreprise, d’une ONG ou d’une administration publique. Les socialistes proposent que les Etats membres soient chargés d’appliquer ce règlement et ils prévoient des sanctions en cas de manquement.
Les jeunes doivent être protégés contre la discrimination, ajoutent les auteurs du rapport qui appellent la Commission à mieux suivre la mise en œuvre de la directive contre les discriminations et à établir un plan d’action visant à une meilleure intégration sociale des jeunes. Les socialistes prescrivent la mise en place de programmes spécifiques pour soutenir financièrement cette intégration sociale des différents groupes de jeunes les plus touchés par la discrimination. Ils envisagent aussi une réforme du droit du travail qui permettrait la discrimination positive en faveur des jeunes gens issus de milieux défavorisés. Plus généralement, les jeunes gens issus des milieux défavorisés devraient bénéficier d’un plus fort soutien en vue de leur intégration sociale, plaident les auteurs du rapport qui insiste sur la nécessité d’une meilleure information sur les possibilités d’orientation et d’un meilleur accompagnement dans la recherche d’un emploi, d’une formation ou d’un stage.
Tout parent en Europe devrait avoir droit à des services de garde d’enfant abordables, ajoutent les socialistes qui pensent notamment aux jeunes parents. Un droit qui pourrait être inscrit dans la loi, estiment-ils.
Les programmes européens de soutien à la mobilité des jeunes employés ont besoin d’être renforcés, avancent encore les auteurs du rapport qui appellent de leurs vœux une meilleure information sur les offres d’emploi en Europe, une meilleure reconnaissance des niveaux scolaires, une amélioration des formations linguistiques, une simplification des procédures administratives et un soutien financier à la mobilité. Autant d’éléments dont devrait tenir compte le futur programme "Erasmus pour tous" dont les actions équivalant aux actuels programmes Leonardo da Vinci et Grundtvig devraient bénéficier de plus de financements.
Les règles de l’UE sur les marchés publics devraient être plus axées sur les jeunes, jugent enfin les auteurs du rapport qui estiment que la création d’emplois pour les jeunes pourrait être un des critères d’évaluation dans les appels d’offres publics, tandis que les entreprises exploitant les jeunes pourraient être exclues de toute adjudication publique.