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Entreprises et industrie - Environnement
La Fedil, très critique à l’égard des mesures prises par la Commission et le Conseil pour faire face à la désindustrialisation en Europe, salue comme "un signal fort" le rejet par le Parlement européen d’un gel temporaire des quotas d’émission
29-05-2013


Le 16 avril 2013, le Parlement européen réuni en plénière rejetait le gel temporaire des enchères d’une partie des quotas d’émissions de CO2 dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission (SEQE ou encore EU ETS) proposé par la Commission européenne de façon à ne pas noyer le marché, déjà saturé, des certificats d’émission à un moment où la demande est faible en raison de la crise économique et où les prix du carbone sont au plus bas.

Un rejet que le secrétaire général de la Fedil, René Winkin, a salué dans l’édition de L’Echo des entreprises datée du 29 mai 2013 comme "un signal fort" donné par le Parlement européen à la Commission.L'Echo des entreprises, publication de la Fedil

Ce représentant de la fédération patronale luxembourgeoise prend ainsi position dans un débat qui a divisé tant au sein de l’hémicycle du Parlement européen qu’au Luxembourg.

Aux yeux de René Winkin, la proposition de la Commission était en effet "représentative" de ses "nombreux actes politiques anti-industriels entassés au cours des dernières décennies". "Plutôt que de cautionner un système de négoce de droits d'émission qui encourage et qui récompense les réductions de production industrielle en Europe, le Parlement a invité la Commission à revoir sa copie et à proposer une réforme structurelle du système", résume-t-il en effet la position adoptée par le Parlement européen. De son point de vue, en l'absence d’un accord climatique international qui mettrait les industries européennes sur un pied d'égalité avec leurs concurrents des pays tiers, "il serait naïf de croire qu'un alourdissement artificiel de nos coûts de production industriels produirait un quelconque impact climatique et, dans ce même contexte, il serait tout simplement irresponsable d'aggraver les effets pervers du système moyennant une manipulation du prix des quotas de CO2".

En toute logique, le secrétaire général de la Fedil affirme donc partager "entièrement l'avis qu'une majorité de parlementaires européens ont exprimé par leur vote démocratique". Et il ne manque pas de déplorer "les accusations malintentionnées de quelques députés minoritaires qui accusent les promoteurs d'une vraie politique industrielle d'être opposés à la cause écologique pour laquelle ils prétendent détenir le monopole". René Winkin poursuit l’attaque, appelant à "rejeter les politiques erronées basées sur les effets négatifs de la crise et de la désindustrialisation", à donner "des perspectives spécifiques et non équivoques tant au secteur énergétique qu'à l'industrie manufacturière pour recréer un cadre favorable à l'investissement tant écologique que productif". Et il en conclut que "par sa décision symbolique, le Parlement Européen a montré le chemin", exprimant son espoir que "d'autres décisions dans ce sens suivront".

Ce qu’il ne précise pas toutefois, c’est d’une part que le rejet de la proposition de la Commission s’est fait à une très courte majorité au Parlement européen, mais aussi que la Commission a réitéré un mois plus tard, le 16 mai 2013, son appel à un report de l’allocation de quotas. Le rejet de ce texte en plénière signifie par ailleurs son renvoi en commission au Parlement européen. Et il est intéressant de noter que la commission compétente, la commission Environnement (ENVI), avait déjà approuvé la possibilité d’autoriser un gel des enchères de certains quotas d’émission avant que les eurodéputés de la commission de l’Industrie (ITRE) n’adoptent quelques semaines plus tard un avis appelant à rejeter ce gel en raison de la charge que pourrait représenter pour l’industrie européenne, déjà mise à mal par la crise, la hausse du prix des certificats que ce gel impliquerait. Le sort de ce texte n’est donc pas encore réglé, puisqu’on peut voir sur la fiche de procédure qui le concerne qu’un nouveau vote est prévu en plénière en juillet 2013.

Plus largement, René Winkin appelle le Conseil et la Commission à "poursuivre dans cet élan et de compléter leurs annonces et remèdes par un travail de fond autour des nombreux dossiers politiques synonymes de problèmes structurels pour notre industrie". Car le secrétaire général de la Fedil voit d’un œil très critique les démarches amorcées de ces deux institutions pour face à "la menace d'une désindustrialisation galopante sentie comme socialement et économiquement dangereuse et déplorable". "On constate que les uns semblent croire qu'il suffit de décréter la réindustrialisation (minimum 20 % du PIB) pour qu'elle devienne réalité et que les autres se concentrent avant tout sur le déploiement possible de mesures protectionnistes du type aides d'Etat ou droits de Douane pour compenser les désavantages compétitifs de l'Union", déplore en effet René Winkin qui appelle à "s'attaquer aux déclencheurs mêmes des problèmes auxquels plusieurs de nos secteurs industriels sont exposés".