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Emploi et politique sociale
Nicolas Schmit espère que la réunion régionale européenne de l’OIT sera l’occasion d’infléchir les choix politiques de l’UE dans sa lutte contre une crise dont il met en avant les conséquences sociales
05-04-2013


Du 8 au 11 avril 2013, Oslo, la capitale norvégienne, va accueillir la neuvième Réunion régionale européenne de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour un rendez-vous qui a pour ambition "d’envisager des réponses possibles à une crise économique et financière aux conséquences lourdes pour l’emploi, les niveaux de protection sociale, le dialogue social et l’application du droit du travail dans la région". Oslo accueillera la 9e réunion régionale européenne de l'OIT du 8 au 11 avril 2013

Le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, va participer aux travaux de cette réunion à laquelle participeront aussi, côté luxembourgeois, des représentants des syndicats OGBL, LCGB et CGFP, ainsi que de l’UEL.

Nicolas Schmit a souhaité attirer l’attention des médias sur l’enjeu qu’il voit dans cette rencontre qui se tient tous les quatre ans en convoquant la presse le 5 avril 2013. "Emploi, croissance et justice sociale", tel sera en effet le titre de cette réunion dont les travaux seront en grande partie basée sur un rapport du directeur général de l’OIT, Guy Ryder, qui, selon Nicolas Schmit, "a le sentiment que les valeurs et principes de l’OIT, à savoir le dialogue social ou la justice sociale, sont remis en question dans certains pays européens en cette période de crise". Pour le ministre luxembourgeois, la préoccupation de l’OIT, exprimée par exemple en novembre dernier dans un appel lancé à la Grèce à "remettre le système de relations de travail en conformité avec les droits fondamentaux", sera le fil rouge de cette réunion.

L’emploi doit être la préoccupation première

L’emploi sera ainsi au cœur des discussions, a expliqué Nicolas Schmit. Car s’il est beaucoup question de crise économique, financière ou même bancaire ces derniers jours, il ne perd pas de vue la crise sociale qui frappe l’Europe et qui est notamment marquée par une forte hausse du chômage. Le ministre a fait références aux toutes récentes estimations d’Eurostat, qui montrent que le seuil de 12 % de taux de chômage a été franchi dans la zone euro, et qui révèlent les taux dramatiques atteints par le chômage des jeunes dans certains pays du Sud de l’Europe.

Les discussions ne vont toutefois pas se limiter à la situation dans l’UE, puisque la réunion réunira aussi des représentants de Russie, d’Asie centrale ou encore des Balkans, une région dont les pays sont candidats à une adhésion à l’UE et qui subit elle aussi fortement les conséquences de la crise, comme en témoigne l’afflux, en Allemagne notamment, de "réfugiés économiques ou sociaux" en provenant.

Nicolas Schmit devant la presse le 5 avril 2013Selon Nicolas Schmit, la préoccupation de l’OIT est grande, car l’Europe, contrairement à d’autres régions, a connu une récession en 2012, risque de ne pas en sortir en 2013, voit son chômage augmenter, avec une tendance forte à la désindustrialisation. Aux Etats-Unis par exemple, le tableau est moins noir, puisqu’on observe des créations d’emploi, y compris dans l’industrie.

En ce qui concerne le chômage des jeunes, sujet qui ne manquera pas de tenir une place essentielle dans les débats qui vont se tenir à Oslo, le ministre Nicolas Schmit s’est tout particulièrement réjoui d’une déclaration adoptée la veille par l’OIT et la Commission dans laquelle les deux institutions annoncent leur intention de coopérer pour mettre en œuvre la garantie jeunes.

"Tous les efforts doivent être faits ici pour la mettre en œuvre", a glissé au passage le ministre luxembourgeois en soulignant bien qu’une telle mesure aura un coût. Il a assuré qu’il allait veiller dans les prochains jours à ce que le Luxembourg se donne les ressources pour la mettre en œuvre, en élargissant notamment l’offre de formation, mais aussi en donnant à l’ADEM les moyens d’agir.

"Une consolidation trop radicale n’est qu’illusion si l’on ne crée pas de la croissance"

Ce qui inquiète aussi l’OIT, rapporte le ministre, ce sont les conséquences de la crise et des politiques d’austérité sur les systèmes sociaux en Europe. Ainsi, le dialogue social sous forme de tripartite, un modèle privilégié par l’OIT, est menacé en Europe, tandis que le modèle social européen, pourtant longtemps tenu pour exemplaire, apparaît être en recul.

Dans ce sombre tableau, Nicolas Schmit n’oublie par les signaux politiques "dangereux" qui ont manifesté un malaise certain ces derniers mois, tout récemment avec le résultat des législatives italiennes, ou il y a peu encore en Grèce, avec la montée en puissance d’un parti au discours ouvertement néo-nazi.

Malheureusement, constate Nicolas Schmit, "en Europe, nous sommes un peu bloqués". Le ministre a rappelé son engagement, avec certains de ses homologues et collègues, pour tenter de ramener la dimension sociale dans le débat, ce qui lui semble nécessaire car le "facteur travail ne saurait être la seule variable d’ajustement" en matière économique. Il est d’ailleurs prévu que les ministres socialistes de l’UE rencontrent les représentants de la confédération européenne des syndicats (CES) afin d’avoir un échange sur le dialogue social en Europe. Un sujet qui est essentiel au Luxembourg aussi, puisque, constate le ministre, "ici non plus le dialogue social à travers la tripartite ne fonctionne pas".

Aussi, le ministre luxembourgeois espère que cette réunion sera l’occasion d’envoyer un message fort à l’UE, à savoir qu’il faut viser une approche plus équilibrée pour sortir de la crise, qu’il faut trouver une voie alternative raisonnable. L’emploi doit être la toute première des priorités, et non seulement la consolidation budgétaire comme c’est le cas actuellement. Celle-ci doit certes être menée, mais à un rythme plus adapté afin de ramener la croissance. Car une consolidation trop radicale n’est qu’illusion si l’on ne crée pas de la croissance : la pratique montre qu’on ne peut consolider les finances publiques en plein récession, affirme Nicolas Schmit.

Une des solutions à la crise qui devrait être discutée est l’écologisation de l’économie européenne, qui, aux yeux du ministre luxembourgeois, est négligée. L’OIT voit en effet dans l’écologisation et la reconversion énergétique un réservoir d’emplois et de croissance. Le gouvernement luxembourgeois a d’ailleurs bien entendu le message, puisque Nicolas Schmit a confié qu’il était en train de plancher, avec les ministres Marco Schank et Romain Schneider, sur un plan d’action visant à créer des emplois verts au Luxembourg. Face au développement des gaz de schiste aux Etats-Unis, l’UE peut choisir un modèle alternatif en misant notamment sur les énergies renouvelables et les investissements dans les économies d’énergie. Car ce qui importe, a conclu le ministre, c’est que l’Europe ne se perde pas dans une politique de recul des investissements.