Le 17 février 2014, à la Maison de l’Europe, la représentation de la Commission européenne à Luxembourg invitait la presse à la présentation d’un Eurobaromètre spécial Luxembourg, par Charles Margue, directeur d’études auprès de l’institut de sondage TNS ILRES qui a réalisé l’enquête d’opinion.
Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 503 personnes, représentatif de la population résidente après pondération, et doit permettre de saisir la perception des sondés concernant une partie des enjeux économiques et politiques actuels et futurs, en comparaison avec celle des trois pays voisins du Luxembourg et du Portugal. Le sondage a été réalisé entre le 2 et le 17 novembre 2013, soit après les élections législatives du 20 octobre 2013, et en période de négociations du programme du nouveau gouvernement, au début du mois de décembre 2013, ce qui a pu, selon Charles Margue, influencer certaines réponses.
Concernant la situation économique actuelle du pays, les sondés luxembourgeois considèrent, pour 72 % d’entre eux, que la situation économique est bonne, tandis que 26 % la trouvent mauvaise (pour 2 % de "sans opinion"). "Dans l’Union européenne, à l’intérieur du marché commun, il y a des expériences et des perceptions de la situation économique immensément divergentes pour le moment", déclare Charles Margue. Les sondés allemands sont ainsi 82 % à juger la situation économique de leur pays bonne et 16 % à l’estimer mauvaise, tandis que les Belges sont encore 43 % à juger la situation de leur pays positivement mais plus que 7 % des Français et 3 % des Portugais. La moyenne dans l’Union européenne s’établit à 31 % de personnes jugeant la situation bonne et 68 % la jugeant mauvaise.
Les rapports à la situation nationale du marché du travail sont relativement similaires. 53 % des sondés luxembourgeois la jugent bonne mais 44 % mauvaise. Les Allemands ont une meilleure perception (60 %), que les Luxembourgeois mais aussi que les Belges (32 %), les Français (5 %) et les Portugais (3 %).
Pour ce qui est de l’estimation de la situation financière de leur ménage, les sondés réagissent différemment. Les sondés français sont ainsi tout de même 63 % à estimer leur situation bonne, soit deux fois plus que les Portugais. Les sondés luxembourgeois sont ceux qui estiment le plus souvent leur situation bonne (86 % des sondés), devant les Belges (82 %), qui, sur ce point, se retrouvent devant les Allemands (78 %). A l’inverse, 11 % des sondés luxembourgeois estiment que leur situation n’est pas bonne, ce qui reste dans la tendance des sondages précédents, souligne Charles Margue. Tandis qu’il y a plus de ménages allemands qui estiment ne pas bien aller (19 %).
Les trois quarts des résidents luxembourgeois sont satisfaits de leur situation professionnelle. En analysant de façon plus détaillée les caractéristiques sociodémographiques, ces bons résultats montrent des disparités : 67 % pour les 15-24 ans et chez "les 55 ans et plus" contre environ 8 personnes sur dix chez les 25-54 ans.
En ce qui concerne les attentes pour la situation économique future, ceux qui pensent que cela ira moins bien forment, dans les cinq pays, un groupe plus important que ceux qui sont optimistes. Dans l’UE, 21 % pensent à une amélioration, 31 % à une dégradation et 45 % à une stagnation.
Chez les sondés luxembourgeois, 17 % pensent que la situation sera meilleure, 28 % pour qu’elle sera moins bonne, et 47 % qu’elle restera inchangée. 57% des Portugais pensent que les choses empireront et seulement 11 % qu’elles s’amélioreront. Chez les Allemands, l’idée d’une stagnation est la plus répandue, avec 62 % des sondés.
Charles Margue rappelle que, durant les premiers sondages réalisés au début de la crise économique, les sondés pariaient sur une sortie de crise vers 2011-12. Désormais, "la crise est établie". Non, seulement, la crise n’est pas finie, mais les sondés envisagent qu’elle soit installée à plus long terme. Quand on demande aux sondés s’ils pensent que, concernant la crise économique, "le pire reste à venir", seuls les sondés allemands répondent par la négative, 41 % des sondés étant d’accord et 40 % pas d’accord. Par contre, les sondés luxembourgeois se montrent bien plus pessimistes, avec 37 % pensant que l’avenir ne sera pas pire, et 55 %, au contraire, l’affirmant. Les Belges sont 45 % à penser que la situation ne va pas empirer. 66 % des Français et 67 % des Portugais envisagent une dégradation de l’économie.
D’ailleurs, la moitié des sondés dans l’UE pense que ce sera pire, et 40 % que ça ne le sera pas. Exceptée la Finlande dans le Nord, ce sont surtout les pays du Sud qui sont les moins optimistes.
Pour le futur du marché du travail, 55 % des sondés luxembourgeois, contre 50 % dans l’UE, estiment que le pire est là aussi à venir.
Les sondés sont au contraire optimistes sur l’avenir de l’UE, avec 63 % d’avis positifs exprimés au Luxembourg et 51 % en moyenne dans l’UE. Les jeunes paraissent devant, avec 76 % d’avis sereins.
Pour ce qui est des "problèmes les plus importants", les sondés luxembourgeois ont pour particularité d’y faire figurer le logement. S’il est à "à peine" un problème ou alors localement dans les pays, c’est "massivement" un problème au Luxembourg, commente Charles Margue. 38 % des sondés en font donc une source principale de préoccupation, contre une moyenne de 5 % dans l’UE, 7 % en Allemagne ou encore 1 % au Portugal. Mais le problème numéro 1 pour les Luxembourgeois reste, "sans surprise" selon Charles Margue, et comme pour les Belges (43 %), les Français (59 %) et les Portugais (71 %), le problème du chômage, cité par 49 % d’entre eux. Avec 20 % des réponses, ce problème semble par contre beaucoup moins prioritaire en Allemagne que l’inflation (25 % des sondés).
Les pensions sont par contre reléguées parmi les priorités les moins importantes. Bien que ce soit un "problème chronique et irrésolu", "les gens ne vivent pas dans l’angoisse des pensions", a souligné Charles Margue. Les Luxembourgeois les placent notamment derrière le système scolaire (13 %), l’immigration (11 %) et l’insécurité (9 %). Malgré les recommandations de la Commission européenne faite ces deux dernières années,dont en mai 2013, les pensions ne sont "manifestement pas la priorité des gens", a constaté Georges Bingen.
Les questions du climat et de l’énergie (5 %) sont encore moins bien loties que les pensions. Sur ces deux derniers sujets (respectivement 15 % et 19 % des sondés), les Allemands montrent bien plus de préoccupations que la moyenne européenne (respectivement 5 et 10 %).
Pour ce qui est de leurs problèmes personnels à régler en priorité, les Luxembourgeois citent en tête la question de l’inflation (à 28 %), des impôts (17 %) et du chômage (17 %).
Pour ce qui concerne l’image et la perception de l’UE, 40 % des sondés luxembourgeois la voient positivement (dont 3 % très positivement), tandis que 40 % la voient de manière neutre et que 20 % en ont une image négative. Pour comparaison, en janvier 2010, 66 % des résidents sondés avaient une image positive de l'UE.
En termes générationnels, ce sont les jeunes de 15-24 ans (50 %), ils sont "moins exposés économiquement", souligne Charles Margue, et, socialement, les personnes en haut de l’échelle, qui sont les plus enthousiastes, avec dans les deux cas, 50 % des sondés considérant que l’UE a une image positive.
Interrogés sur leurs attentes politiques, sondés luxembourgeois et de l’UE retiennent les mêmes priorités : une politique de sécurité et de défense commune (respectivement 84 % et 73 %), une union économique et monétaire européenne avec une seule monnaie, l'euro (79 % et 52 %) et une politique étrangère commune (71 % et 63 %). La proposition "Un candidat au poste de Président de la Commission européenne présenté par les partis européens aux prochaines élections du Parlement européen" est désignée comme une attente par 57 % des sondés dans l’UE et 51 % des sondés au Luxembourg.
Le sentiment de communauté se fait pour les résidents luxembourgeois, à même hauteur (31 %), au travers de l’histoire, des langues et de la culture. Dans l’UE, les langues sont beaucoup moins mentionnées (34 % des sondés), qu’au Luxembourg, où elles arrivent en tête, "malgré toutes les polémiques", remarque Charles Margue. Dans cette catégorie, il est à noter que les sports contribuent pour les Luxembourgeois comme pour les Européens dans la même mesure que l’économie au sentiment de communauté. A la différence des Luxembourgeois, les Européens placent l’économie (23 %) et les sports (22 %) devant les langues, bien moins souvent cités (14 %).
Les valeurs représentant l’UE sont pour les citoyens européens la paix, la démocratie et les droits de l’homme. C’est le cas aussi des résidents luxembourgeois mais dans de plus fortes proportions, notamment pour la paix (53 % contre 37 % dans l’UE). La religion, au contraire, ne recueille les faveurs que de 4 % des sondés, et l’égalité de 10 % d’entre eux.