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Changement climatique - Énergie
Conseil européen - Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE ont entériné la création d’une Union de l’énergie visant à réduire dépendance énergétique de l’UE
19-03-2015


Le président du Conseil européen, Donald Tusk, le 20 mars 2015 (Source : Conseil)Lors du Conseil européen, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE ont entériné la création d’une Union de l’énergie dont la Commission européenne avait présenté le cadre stratégique le 25 février 2015. C’est sur cette base que l’UE est "résolue à mettre en place une Union de l'énergie dotée d'une politique d'avenir en matière de climat", indiquent les conclusions. Pour rappel, l’Union de l’énergie vise entre autres à réduire la dépendance énergétique de l’UE qui importe 53 % de son énergie. Elle comporte cinq dimensions : la sécurité énergétique et la solidarité; la pleine intégration du marché européen de l'énergie; l'efficacité énergétique; la décarbonisation de l'économie; ainsi que la recherche et l'innovation.

Sur fond de crise ukrainienne, une partie des conclusions était consacrée aux livraisons de gaz, vu le fait que l’UE importe 32 % de son gaz de la Russie et que six Etats membres dépendent entièrement de la Russie comme fournisseur de gaz. Les conclusions stipulent que "l'ensemble des accords liés à l'achat de gaz auprès de fournisseurs extérieurs soient pleinement conformes au droit de l'UE, notamment en renforçant la transparence de ces accords et leur compatibilité avec les dispositions de l'UE en matière de sécurité énergétique", tout en veillant à "la confidentialité des informations sensibles du point de vue commercial". La transparence des contrats est un aspect important de la stratégie sur l’Union de l’énergie, la Commission souhaitant être informée de la négociation d’accords intergouvernementaux "à un stade précoce".

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a souligné l’importance de la transparence dans les contrats de gaz, lors d’une conférence de presse, ajoutant que "les conclusions ne sont pas vides, vous pouvez en être sûres". Il a précisé que le débat était focalisé sur la sécurité énergétique, vu la dépendance énergétique de l’UE. "La plupart de nos contrats bilatéraux (de gaz) avec notre principal fournisseur, la Russie, sont conclus à long terme, parfois sur plus de 20 ans. Cela peut être malsain – tant pour notre sécurité que pour notre marché", a déclaré Donald Tusk, ajoutant que les contrats de gaz ne devraient pas être utilisés comme une "arme politique".

Les chefs d’Etat et de gouvernement vont examiner comment des entreprises européennes pourraient s’unir, sur une base volontaire, pour acheter ensemble du gaz et comment conclure des partenariats stratégiques avec des Etats qui sont de plus en plus importants en matière de production et de transit, a encore expliqué Donald Tusk. Dans ses conclusions, le Conseil européen appelle en plus à accélérer les projets d'infrastructure pour l'électricité et le gaz, y compris les interconnexions en particulier vers les régions périphériques, afin d'assurer la sécurité énergétique.

Le Conseil européen préconise d’ailleurs de "définir une organisation du marché plus efficace et souple", une "coopération régionale renforcée, y compris avec les pays voisins" ainsi que le respect du droit de chaque État membre de décider de son propre bouquet énergétique.

Il appelle à "réexaminer et à étoffer la législation relative à la réduction des émissions, à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables afin de soutenir" les objectifs pour 2030 convenus lors du Conseil européen d’octobre 2014, à savoir une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 ainsi qu’un objectif de 27 % en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Le Conseil s’est mis d’accord pour élaborer une stratégie en matière d'innovation et de technologie portant sur la prochaine génération d'énergies renouvelables.

Quant à la conférence internationale sur le climat à Paris (COP21) qui aura lieu en décembre 2015, le Conseil européen s’est exprimé en faveur d’une "action résolue et coordonnée". Pour rappel, l’UE était parmi les premières grandes économies à présenter, le 6 mars 2015, sa contribution, basée sur  les conclusions du Conseil européen d’octobre 2014, ce qui avait suscité les critiques des ONG environnementalistes. Dans ses conclusions, le Conseil européen appelle "toutes les parties qui sont en mesure de le faire, y compris les grandes économies, à présenter leurs contributions d'ici la fin mars". Il souligne l’importance de "trouver des solutions concernant le financement, le transfert de technologie et le renforcement des capacités" en vue de parvenir à un "accord ambitieux" à Paris.

Réactions

Le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, au Conseil européen (Source : Conseil)Lors de son arrivée au Conseil, le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a souligné devant les journalistes l’importance d’un renforcement de la solidarité, de l’interconnectivité, de la coopération régionale et des échanges transfrontaliers entre les Etats membres. "La crise ukrainienne nous a montré clairement de quelle manière certains Etats membres dépendent d’un seul fournisseur d’énergie. C’est dangereux et il faut y faire attention", a-t-il souligné. Il a dit avoir expliqué, en langue française, à ses homologues la position du gouvernement luxembourgeois qui "ne considère pas que l’énergie nucléaire soit une technologie d’avenir et qu’elle soit une alternative sûre aux énergies renouvelables", une position qu’il avait déjà défendu dans une interview parue le même jour dans le Luxemburger Wort, tout en regrettant que le Luxembourg "se retrouve un peu seul avec cette position". Lors de son départ de la réunion, Xavier Bettel a indiqué aux journalistes qu’il avait insisté que cette position soit inscrite dans les procès-verbaux et que l’Autriche a défendu la même position. Il a également souligné l’importance de mettre l’accent sur les énergies renouvelables et d’investir plus dans ce secteur, notamment via le plan Juncker.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz (S&D), a salué l’Union de l’énergie comme un projet  d’une dimension historique comparable à la communauté du charbon et de l’acier, lors d’un discours à l’ouverture du Conseil européen le 19 mars 2015, indique un communiqué du Parlement européen. Les importations d’énergie peuvent constituer un "problème majeur" si quelques-uns des fournisseurs principaux sont "imprévisibles" et "utilisent l’énergie comme une arme politique", a indiqué Martin Schulz. "C’est pourquoi il faut tout faire pour renforcer notre indépendance énergétique et construire un marché unique de l’énergie", a-t-il ajouté. Il a insisté sur le fait que l’UE est l’importateur d’énergie le plus important du monde et que cela lui coûte 400 milliards d’euros par an. Le président du Parlement a salué l’accord conclu le 4 mars 2015 entre la France, le Portugal et l’Espagne, la Commission et la BEI pour mieux relier la péninsule ibérique au reste du marché énergétique de l’UE. Pour le Conseil européen, cet accord  "est une avancée encourageante vers la réalisation de l'objectif de 10 % d'interconnexion électrique d'ici 2020".

Les Verts dénoncent dans un communiqué un "signal peu encourageant des leaders européens", tout en critiquant le fait que "l'accent est mis, avant tout, sur la diversification des sources d'approvisionnement en gaz et la relance de l'énergie nucléaire au lieu d'opter pour les solutions permettant de réduire notre dépendance vis-à-vis des pays peu fiables qui nous approvisionnent en carburants fossiles, au demeurant extrêmement polluants". L’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes (Verts) a indiqué pour sa part sur son compte Twitter que les conclusions du Conseil garantissent une "gouvernance solide et fiable" en ce qui concerne les objectifs climatiques de l’UE à l’horizon 2030. "Le travail sur l’Union de l’énergie peut commencer !", a-t-il affirmé.