Lors de son discours d’ouverture de la Foire de printemps, le ministre de l’Economie et du Commerce extérieur, Etienne Schneider, avait mis l’accent sur le fait que l’Etat luxembourgeois continue d’investir. N’ayant "pas cédé aux sirènes néolibérales de la privatisation des services publics", les entreprises publiques ou les entreprises à participation étatique investissent elles aussi dans les infrastructures d’avenir, avait expliqué le ministre en soulignant que le Luxembourg, "petite économie ouverte qui dépend de la conjoncture de la zone euro", misait "résolument sur une stratégie de croissance économique européenne en marquant une pause dans les politiques d’austérité forcenée, surtout dans les pays du Sud et de la périphérie de la zone euro."
Quelques jours plus tard, le 8 mai 2013, le ministre est revenu devant la presse pour présenter un programme d’investissements qui vient concrétiser sa vision. Le principe de ce "plan Marshall" luxembourgeois est simple : l’Etat va renoncer à une partie des dividendes qui résultent de sa participation à cinq grandes entreprises publiques de façon à encourager ces entreprises à investir pendant la période 2013-2017 pour le développement de ces sociétés, mais aussi la mise en place d’infrastructures de pointe qui ont vocation à renforcer la compétitivité du Grand-Duché. Résultat, ces investissements devraient atteindre 2,5 milliards d’euros sur la période et vont venir compléter les investissements publics de l’Etat.
Dans son discours de présentation de ce plan d’investissements, Étienne Schneider a surtout mis en évidence le rôle de l’État concernant ces investissements. Il a déployé la vision d’un "État stratège" qui dessine une trajectoire et engage des moyens importants sur le long terme visant à être à la hauteur des besoins futurs. De son point de vue, l’État a une mission fondamentale, à côté de celle de régulateur et producteur de certains services publics, à savoir celle d’équiper le pays en infrastructures performantes.
La situation de crise a obligé certains États membres de l’Union européenne à privatiser les entreprises publiques ou à participation étatique et à réduire les investissements publiques de manière parfois drastique, a rappelé le ministre. L’État luxembourgeois n’a pas cédé à la tentation de privatisation des entreprises publiques, mais a accompagné l’émergence d’un tissu d’entreprises à forte participation de l’État en vue de stimuler des investissements conséquents dans les infrastructures nécessaires pour le développement d’une économie diversifiée, a souligné Etienne Schneider, sans manquer de préciser que ces sociétés agissent dans le respect des règles communautaires de la concurrence.
En 2013, l’investissement public atteint 1,7 milliard d'euros soit près de 3.7 % du PIB, un des taux les plus élevés de l’Union européenne, a rappelé le ministre, soulignant que ce taux témoigne de la volonté du gouvernement de maintenir ses investissements à un niveau élevé. A ces investissements vont s'ajouter ceux de cinq grandes entreprises publiques, Luxconnect, Enovos, SEO, Creos et P&T, et SOLEIL.
La société Luxconnect, dont l'Etat est actionnaire à 99,9 %, prévoit 109,41 millions d'euros d'investissements dans les cinq prochaines années. Près de 91 millions seront consacrés au développement des data-centers, le reste sera utilisé pour le déploiement du réseau de fibre optique noire.
Le groupe Enovos, dont l'Etat luxembourgeois est l'actionnaire principal avec une part de 25,44 %, allouera 300 millions d'euros pour l'investissement au Grand-Duché, sur un total de 800 millions d'euros d'investissements en Europe. 63 % des investissements de l’entreprise visent la production d’énergies renouvelables. Au Luxembourg, 145 millions d'euros seront notamment consacrés au démarrage de nouveaux parcs éoliens. 90 millions d'euros seront dédiés à la construction d'une pompe turbine à la centrale à accumulation par pompage de Vianden.
La Société électrique de l'Our (SEO), où la part de l'Etat luxembourgeois s'élève à 40,3 %, va investir 260 millions d'euros dans des installations de production d'électricité. 86 millions d'euros seront consacrés à la modernisation et à l'entretien des installations existantes à Vianden et 6,5 millions d'euros seront investis dans la modernisation des centrales au fil de l'eau. Les investissements concernent également des projets de parcs éoliens pour un montant de 72,5 millions d'euros.
Le fournisseur de réseaux Creos, dont l'Etat possède 2,28 % des parts, va dédier 603 millions d'euros au développement des réseaux électriques et de gaz. 91 millions d'euros seront également investis dans les réseaux intelligents.
L'entreprise des P&T, dont l'Etat est l'actionnaire unique, prévoit d'investir 968,5 millions d'euros dans les cinq années à venir. Ces montants seront dédiés majoritairement au déploiement de la fibre optique dans le pays.
En plus des 2,24 milliards d'euros injectés par ces cinq sociétés, un montant de 210 millions sera consacré aux différents régimes d'aides aux entreprises. Etienne Schneider a indiqué qu'un bilan concernant les aides d'Etat a été réalisé pour les quatre dernières années. 251 millions d'euros ont ainsi été alloués pendant ces années de crise. Les aides accordées aux entreprises ont permis un investissement total de 1,1 milliard d'euros ainsi que la création de 1.900 emplois au Grand-Duché. Enfin, 70 millions d'euros seront alloués pour S.O.L.E.I.L. (Sogaris Logistics Estates International Luxembourg), la structure en charge de l'exploitation de la future zone d'activités logistique sur l'ancien site de WSA à Bettembourg.