Le 1er janvier 2017, le plus petit Etat membre de l'UE, Malte, a endossé la présidence du Conseil de l'UE pour les six premiers mois de l'année. Le coup d'envoi sera officiellement donné le 10 janvier 2017 à l'occasion d'une cérémonie d'ouverture. Sur le plan de l'actualité politique, cette présidence devrait notamment être marquée par le lancement des négociations du Brexit et les élections législatives aux Pays-Bas puis en France.
Malte a défini six priorités dans son agenda de la présidence du Conseil de l'UE.
La présidence maltaise intervient à la suite de la présidence de la Slovaquie, marquée notamment par les discussions tendues sur la question migratoire, qui ont valu à cette dernière de se voir reprocher de ralentir les progrès sur la réforme de la politique commune en matière d'asile.
Au contraire, Malte, qui figure sur l'itinéraire des migrants en partance de la Lybie pour l'Europe, a fait de la politique migratoire une des six priorités de sa présidence. "Nos citoyens sont demandeurs de mesures concrètes et nous ne pouvons nous permettre d'avoir une UE complaisante qui ne traite pas ce sujet avec l'urgence et l'importance qu'il mérite", dit la présidence maltaise, dans le document présentant ses priorités.
Le gouvernement maltais dirigé par le social-démocrate Joseph Muscat ambitionne d'atteindre un accord sur la réforme de la politique commune en matière d'asile au premier semestre. "Renforcer et rationaliser le système européen commun d'asile sera important pour distribuer la charge migratoire entre les États membres d'une manière plus équitable", dit-elle. Elle attribue au passage une "importance clé" à la révision du règlement de Dublin et signale que la transformation du bureau européen d'appui à l'asile en une Agence européenne à part entière est un élément important de cette réforme.
La présidence entend également veiller à une meilleure mise en œuvre de la redistribution géographique de 160 000 personnes ayant besoin d'une protection à l'intérieur de l'UE.
Malte assure qu'elle mènera une approche holistique de la question migratoire, en inscrivant son travail dans le prolongement des conclusions du Sommet de la Valette sur la migration qui s'est tenu le 11 novembre 2015. "Nous travaillerons pour compléter le travail par rapport au plan d'investissement externe européen pour promouvoir un investissement durable en Afrique et le voisinage et pour confronter les origines de la migration", explique-t-elle.
Un autre facteur important dans cet accord est de savoir comment l'Union européenne peut améliorer son efficacité dans le retour des migrants qui ne remplissent pas les conditions d'asile. Pour obtenir des arrangements avec les pays tiers afin de résoudre le problème de la migration de la manière la plus efficace, le ministre maltais des Affaires étrangères, Carmelo Abela, juge son pays bien placé. "Que Malte sera le dernier pays méditerranéen à présider le Conseil pendant un certain nombre d'années, accroît l'urgence de cet accord", a-t-il dit le 2 janvier 2017.
Par ailleurs, le premier ministre, Joseph Muscat, dans des confidences faites à l'agence de presse Reuters le 4 janvier 2017, a souligné que son pays entendait faire avancer les propositions sur la sécurisation des frontières maritimes, en obtenant durant sa présidence, un accord en Méditerranée centrale, semblable à celui conclu avec la Turquie le 2 mars 2016, sans quoi il faudrait redouter "une crise plus forte."
La seconde priorité notable de Malte a trait à la politique maritime. La présidence maltaise le justifie par le fait que "l'UE sera de plus en plus dépendante de la mer et des océans" et souligne que "la viabilité et le développement continu du secteur maritime, dans le cadre de la politique maritime intégrée de l'UE, s'insère tout naturellement dans les priorités législatives d'une nation insulaire ouverte au sud de la Méditerranée".
Elle ajoute à cela le caractère prometteur en termes de recherche innovante et de création d'emplois à haute valeur ajoutée du secteur maritime, conformément à l'initiative "croissance bleue" dédiée à la croissance et à la compétitivité.
Malte annonce par ailleurs que la gouvernance internationale des océans sera également lancée formellement durant sa présidence. De plus, elle entend lancer, au début de l'année 2017, une initiative spécifique pour le bassin de la Méditerranée occidentale, laquelle s'appuiera sur des structures existantes, dans le cadre de l'économie bleue. Il s'agit d' "améliorer la gouvernance maritime", l'objectif étant de parvenir à des conditions de concurrence équitables dans la région), dans une approche durable.
Les quatre autres priorités de la présidence maltaise sont plus classiques.
La présidence maltaise voit dans le Marché Unique le "plus grand atout de l'Europe". "Si, collectivement, nous parvenons à tirer pleinement parti du marché unique et développons le marché unique numérique, nous apporterons des avantages concrets à nos économies, nos entreprises et nos familles en supprimant les entraves aux échanges, et l'amélioration de la protection et de l'accès aux services pour les consommateurs", dit son document programmatique.
Parmi les sujets à l'ordre du jour figurent la fin des frais d'itinérance dans l'ensemble de l'Europe, la suppression des discriminations subies par les consommateurs dans leurs achats en ligne, le soutien aux PME notamment par le développement de sources de financement dans le cadre de l'Union des marchés de capitaux.
En faveur de la croissance et l'emploi, Malte cite comme priorité le prolongement en temps et ressources financières du fonds européen d'investissement et du mandat de prêt externe EIB.
Sur le plan énergétique, elle entend mener la révision du rapport d'efficacité énergétique qui vise à réduire la consommation d'énergie dans les immeubles résidentiels et industriels à travers l'utilisation de l'énergie de manière plus efficace, et renforcer la sécurisation de la fourniture d'énergie pour tous les citoyens de l'UE en particulier dans les moments de crise.
Du point de vue des télécommunications, elle veut entre autres permettre aux consommateurs européens de continuer à bénéficier de leur abonnement "domicile" sur le contenu audiovisuel en ligne quand ils voyagent dans un autre État membre, ou encore œuvrer en faveur du WiFi gratuit dans toutes les villes et villages de l'Union européenne.
La présidence maltaise fait également de la sécurité une priorité. Elle signale que son premier axe de travail dans ce domaine reste "une diplomatie efficace", en étroite collaboration avec le service européen pour l'action extérieure pour gérer les défis complexes de la migration, du terrorisme et des menaces hybrides.
La lutte contre le terrorisme sera poursuivie en faisant avancer la lutte européenne contre la criminalité organisée, par le suivi de la feuille de route de l'UE pour améliorer l'échange et la gestion de l'information, la poursuite de l'action européenne en matière de lutte contre le financement du terrorisme par le biais de divers dossiers législatifs, y compris un accord politique sur la quatrième directive contre le blanchiment des capitaux.
Elle entend également améliorer la gestion des frontières extérieures de l'Union, avancer sur la voie de la création du parquet européen, qui examinera et poursuivra les personnes et sociétés qui agissent à l'encontre des intérêts financiers de l'UE, et améliorer la gouvernance d'Eurojust, pour garantir une approche plus coordonnée par-delà les frontières ainsi que garantir la coopération judiciaire en matière pénale.
"La politique sociale est un domaine auquel le gouvernement maltais tient beaucoup", dit par ailleurs le document de la présidence au sujet cette priorité. Elle entend "promouvoir l'égalité des sexes et les droits des minorités et des groupes vulnérables". Il s'agit notamment d'améliorer la participation des femmes au sein du marché de l'emploi, dont la proposition pour une directive sur l'amélioration de l'équilibre entre les hommes et les femmes parmi les directeurs d'entreprises côtées en bourse. Malte continuera à lutter contre la violence à caractère sexiste et organisera une conférence ministérielle sur les "questions LGBTIQ" (lesbien, gay, bisexuel, transgenre, intersexe ou queer) afin d'étudier de manière plus approfondie la feuille de route de la Commission en la matière.
Enfin, consciente des répercussions potentielles d'instabilité au-delà des frontières de l'Europe, la Présidence maltaise mettra l'accent sur l'engagement de l'UE sur la voie de la stabilisation de son voisinage. Malte veut que l'UE accorde une attention particulière aux pays du voisinage méridional de l'UE, avec la stabilisation de la Libye et la contribution de l'Union à une transition pacifique.
La Présidence maltaise soutiendra les efforts européens et internationaux en faveur de la reprise du processus de paix au Proche-Orient entre Israël et la Palestine, veut faire en sorte que la transition démocratique en Tunisie reste sur la bonne voie et maintenir la dynamique de la poursuite des négociations commerciales.
L'approfondissement des relations entre l'Union européenne et la Ligue des États arabes sera mis en avant, dans le but de mieux affronter les défis partagés et les responsabilités communes, tandis que la coopération avec les pays du voisinage oriental restera importante, notamment en vue de soutenir l'Ukraine et de veiller à la coopération avec la Russie sur des questions d'intérêt mondial ou régional.