A l'occasion du premier anniversaire de son arrivée à la tête du ministère de l'Economie et du Commerce extérieur, Etienne Schneider s'est confié au Luxembourg Wort dans une interview parue le 1er février 2013. Il y aborde les défis nationaux en déclarant notamment le fait que "nous devons être de nouveau conscients que le Luxembourg est une place économique qui vit du capital étranger". En conséquence, "nous devons agir très prudemment avec ce capital et, par exemple, conserver un droit fiscal digne de confiance et concurrentiel".
Une partie de l'interview est consacrée aux sujets européens et notamment au sujet actuel du maintien de l'industrie en Europe. En effet, au ministre qui déclare que "l'industrie de l'acier reste un pilier important" dans l'économie luxembourgeoise, les journalistes du Luxemburger Wort demandent ensuite quelle serait sa position lors de la table ronde de haut niveau sur l’avenir de la sidérurgie européenne à Bruxelles le 12 février 2013.
"Je ne vais pas à Bruxelles pour faire du "Mittal-Bashing", rétorque Etienne Schneider. "L'industrie de l'acier, et avec elle la société ArcelorMittal, est trop importante pour Luxembourg. Je veux un débat ouvert avec M. Mittal sur la branche de l'acier en Europe", dit-il.
Etienne Schneider reconnaît par ailleurs que la problématique est différente pour le Luxembourg, qui est moins durement touché par les décisions du sidérurgiste, que pour ses partenaires français et belges. "Des investissements à hauteur de 400 millions d'euros sont garantis par écrit. En comparaison avec la France ou la Belgique, nous nous sommes relativement bien tirés d'affaire. Même si nous ne pouvons pas être satisfaits qu'une partie de notre industrie traditionnelle disparaisse, il est toutefois essentiel - si tous les investissements sont effectivement activés - que la place sidérurgique du Luxembourg soit assurée à long terme."
Cette différence de traitement amène Etienne Schneider à la réflexion que la manière d'agir de Mittal peut brouiller les cartes. "Le problème est que Mittal mène, de manière unilatérale, des négociations avec les différents Etats et leur envoie à chacun des signaux différents", dit-il en effet.
Quoiqu'il en soit, les ministres devraient agir. "L'Europe doit aussi se sortir de sa léthargie et se doter enfin d'une politique industrielle européenne. A mon goût, ça peut commencer par la fixation de normes minimales que les entreprises et branches qui exportent dans l'UE, doivent remplir", pense Etienne Schneider qui mentionne dans la foulée que "des pays comme l'Allemagne sont toutefois sceptiques". "L'UE souffre d'une intégration insuffisante et n'est pas consciente de la force de son marché intérieur de 500 millions de citoyens. Il lui manque la vision globale, l'action globale", regrette-t-il.
Enfin, interrogé sur l'échec de la libéralisation de l'électricité, Etienne Schneider, sous sa casquette de ministre en charge de l'Energie, constate que "l'ouverture du marché n'a pas fait reculer les prix. C'est un échec total, qui s'explique avant tout par l'organisation des bourses de l'électricité. La politique ne peut pas ne pas réagir. Mais auparavant, elle doit franchir le pas de reconnaître l'erreur."
Pour autant, tout n’est pas noir. "Au Luxembourg, les coûts de réseau sont élevés. Mais le revers positif de la médaille est une très haute sécurité d'approvisionnement. Notre réseau électrique est extrêmement performant, ce qui représente là aussi un avantage pour notre place économique. Sous cet aspect, une liaison de la Sotel vers la France fait parfaitement sens", dit le ministre.