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Politique étrangère et de défense
L’adoption de nouvelles sanctions contre la Russie "est un signal fort de I'UE pour dire que nous ne restons pas dans l'indifférence", estime le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn
04-08-2014


Le QuotidienDans un entretien publié le 4 août 2014 par Le Quotidien, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a commenté les sanctions adoptées par le Conseil de  l’UE le 31 juillet 2014 à l’encontre de la Russie, accusée de déstabiliser l’Ukraine, par son soutien à des forces séparatistes dans l’Est du pays.

Pour Jean Asselborn, l’adoption de la phase 3 des sanctions envisagées pour contraindre la Russie à revoir sa politique extérieure, est "un signal fort de I'UE pour dire que nous ne restons pas dans l'indifférence". Certes, ces sanctions "ne vont pas renverser Moscou", concède Jean Asselborn, mais elles pourraient faire de l’effet : "Il faut se rendre compte que la Russie connaît déjà une dévaluation du rouble, un manque d'investissements étrangers entre 30 et 40 % par rapport à l'année dernière, une croissance divisée par deux."

Jean Asselborn approuve pleinement la décision prise, alors qu’il était plus réservé en début d’année, notamment le 18 mars 2014, lorsqu’il avait estimé qu’un tel niveau de sanctions était encore "prématuré". "Au début, nous avons vraiment hésité. Nous avons très bien fait de diviser le processus de sanctions en phases. Aujourd'hui, nous sommes arrivés dans une certaine mesure à la phase 3, à savoir les sanctions sectorielles. Le Luxembourg est solidaire de cette démarche et solidaire dans l'exécution de ces sanctions", affirme-t-il.  

Maintenant que ce 3e niveau est franchi, Jean Asselborn ne craint pas de conséquences désastreuses. "La place financière ne va pas s'écrouler à cause de ces sanctions, rassure-t-il. Même si la place est une plaque tournante importante par rapport aux contacts avec la Russie, au même titre que d'autres places européennes comme Londres, son élan ne va pas être brisé par ces sanctions."

"Ce qui manque cruellement est que le président Poutine dise aux séparatistes d'arrêter les combats"

Jean Asselborn confie par ailleurs l’espoir qui était le sien au mois de juin 2014 quand, trois mois après que le Parlement russe a autorisé le gouvernement à annexer la Crimée et Sébastopol, la paix lui semblait proche. Au retour des commémorations des 10 ans du débarquement en Normandie, le 6 juin, auxquelles participaient Vladimir Poutine, Barack Obama, François Hollande et Angela Merkel, Jean Asselborn avait déjà "un certain espoir",  qui s’est renforcé le lendemain, à Kiev, lors de la présentation du plan de paix du nouveau président ukrainien, Petro Porochenko, lors de son investiture. Ce plan avait été salué par Vladimir Poutine, lors d’une visite d'État à Vienne deux semaines plus tard, comme "une manière de procéder et une réponse adéquate".

Jean Asselborn regrette que "depuis le début, le Kremlin ne prend pas ses distances avec les séparatistes", qu’il décrit comme "des Ukrainiens, des Russes et des mercenaires". "La plupart d'entre eux sont des criminels" et "opèrent avec une brutalité inouïe et ont entre leurs mains des armes russes", ajoute-t-il. 

Pour autant, Jean Asselborn ajoute une nuance. "Je ne veux pas dire que le problème est seulement d'un côté. A un certain moment, les Ukrainiens aussi ont décidé de tout miser sur le militaire. Mais ce qui manque cruellement est que le président Poutine dise aux séparatistes d'arrêter les combats, de déposer les armes et d'essayer de trouver une solution politique et pacifique."