Dans une lettre datée du 6 mai 2010, les eurodéputés verts Claude Turmes et Daniel Cohn-Bendit, ainsi que le François Bausch, président du groupe politique déi gréng, ont lancé un appel à la responsabilité du Permier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, d’intervenir pour des réformes structurelles profondes de la zone euro en vue de soumettre les marchés financiers à des règles plus strictes et de mettre un terme aux excès spéculatifs.
Bien que les Verts déclarent soutenir l’aide rapide à la Grèce, qui s’impose selon eux par "la solidarité européenne" et la "raison économique", ils pensent que les circonstances actuelles exigent la mise en place de mesures strictes et coordonnées. Ils sont notamment d’avis qu’il faut aider la Grèce à sortir de la crise sans perdre de vue l’aspect social. Par ailleurs, ils veulent développer un mécanisme au sein de l’union monétaire pour faire face aux crises de paiement. Enfin, ils pensent qu’il faudrait renforcer la coordination de la politique économique de la zone euro en vue de la protéger contre les spéculations.
Dans ce contexte, Daniel Cohn-Bendit, Claude Turmes et François Bausch ont demandé à Jean-Claude Juncker de s’engager auprès des autres gouvernements pour la justice sociale qui est pour eux "une condition du succès des réformes en Grèce". Par ailleurs, ils estiment que les banques, "qui ont fait des bénéfices sur les emprunts de l’Etat grec", doivent participer à l’opération de sauvetage. "Nous avons besoin d’un mécanisme coordonné de conversion de dettes qui offre aux pays de la zone euro un moyen de refinancement par l’union monétaire, et une protection contre l’arbitraire des marchés financiers", ont-ils en outre déclaré. Les Verts revendiquent aussi la mise en place d’une agence de notation de droit public et un renforcement des compétences d’Eurostat, ceci notamment en vue d’agir contre les manipulations des offices nationaux de statistique. Finalement, les Verts pensent que l’aide à la Grèce devrait aller de pair avec l’introduction d’une taxe financière et la mise en œuvre d’une politique économique coordonnée.
"Les crises et turbulences perpétuelles sur les marché financiers et les réponses insuffisantes des politiques montrent que l’union monétaire a besoin d’une coordination politique plus stricte. Le Luxembourg, en tant que membre fondateur de l’Union européenne et un des plus importants précurseurs de l’union monétaire, devrait s’engager pour remédier à ce défaut", ont souligné Daniel Cohn-Bendit, Claude Turmes et François Bausch. Afin de faire cesser le dumping fiscal entre les Etats membres, ils pensent que l’UE a besoin de standards harmonisés en matière de fiscalité et de politique économique, et notamment en ce qui concerne le droit des salariés et l’impôt sur les entreprises.
En guise de conclusion, les députés verts ont fait référence à la Déclaration Schuman, fondement de l’Union européenne, dont le 60e anniversaire sera célébré le 9 mai. Robert Schuman avait souligné que le projet européen devrait avancer pas à pas tout en relevant en permanence de nouveaux défis. Six décennies après cette déclaration, les Verts veulent aborder et surmonter les manques de l’union monétaire : "L’UE a besoin de règles plus strictes pour l’organisation des marchés financiers et d’une coordination plus intense de sa politique économique", ont-ils déclaré. Et d’inciter Jean-Claude Juncker à reconnaître la nécessité actuelle, et profiter de la crise pour assumer sa responsabilité et prendre les rênes au sein de l’union monétaire.