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Politique étrangère et de défense
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE menacent la Russie et les séparatistes ukrainiens de sanctions supplémentaires dans le contexte d’une nouvelle escalade de la violence dans l’Est de l’Ukraine
27-01-2015


image d'illustration sur les sanctions imposees par l'UE à la Russie en raison de la crise ukrainienne (source: conseil de lue)Face à une nouvelle escalade du conflit dans l’Est de l’Ukraine et alors qu’une attaque à la roquette attribuée aux séparatistes ukrainiens pro-russes sur la ville ukrainienne de Marioupol a causé la mort d’une trentaine de personnes le 24 janvier 2015, les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’UE ont menacé la Russie et les séparatistes de nouvelles sanctions, dans une déclaration commune diffusée le 27 janvier 2015.

Menaces de sanctions contre la Russie dont "la responsabilité" dans le conflit est "mise en évidence"

Condamnant "le massacre de civils" qui a eu lieu au cours "du bombardement aveugle de la ville ukrainienne de Marioupol", les dirigeants européens font état de leur préoccupation quant à la "détérioration des conditions de sécurité et de la situation humanitaire dans l'est de l'Ukraine". Ils disent par ailleurs "prendre acte" des éléments qui attestent du "soutien continu et croissant fourni aux séparatistes par la Russie, ce qui met en évidence la responsabilité de la Russie", à laquelle ils "demandent instamment […] de condamner les actes des séparatistes et d'appliquer les accords de Minsk". Signés le 5 septembre 2014, ceux-ci prévoient notamment un cessez-le-feu – constamment violé –, le retrait des groupes armés illégaux et de l’équipement militaire ainsi que la sécurisation de la frontière russo-ukrainienne sous le contrôle de l’OSCE.

"Compte tenu de l'aggravation de la situation, nous demandons au prochain Conseil des Affaires étrangères [convoqué d’urgence le 29 janvier, ndlr] d'évaluer la situation et d'envisager de prendre toute mesure appropriée, en particulier l'adoption de nouvelles mesures restrictives, en vue de parvenir, dans les meilleurs délais, à une application rapide et complète des accords de Minsk", écrivent-ils dans leur communiqué conjoint, rappelant les conclusions du Conseil européen de décembre 2014 selon lesquelles "l'UE maintiendra le cap" et est prête "à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire".

Un Conseil Affaires étrangères extraordinaire consacré à l'Ukraine a en effet été convoqué d’urgence par la Haute Représentante de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, pour se réunir le 29 janvier, "compte tenu de l’escalade de la violence dans le Donbass", annonçait le service de presse de cette dernière dans un communiqué daté du 25 janvier 2015. "Les discussions devraient permettre d’élaborer une réponse coordonnée que l’UE pourrait apporter à cette situation", précise pour sa part le Ministère luxembourgeois des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé le 28 janvier.

Pour mémoire, quelques heures après l’attaque de Marioupol, la Haute Représentante avait souligné que cette "nouvelle escalade du conflit armé ouvert" avait des "conséquences tragiques pour une population souffrant considérablement depuis déjà trop longtemps" et qu’elle "conduirait inévitablement à une autre grave détérioration des relations entre l'UE et la Russie", pouvait-on lire dans un communiqué diffusé par son service de presse le 24 janvier. Elle avait en conséquence appelé "ouvertement la Russie à user de son influence considérable sur les dirigeants séparatistes et d'arrêter toute forme de soutien militaire, politique ou financier". "Cela permettrait d'éviter des conséquences désastreuses pour tous. Les responsables de l'escalade doivent arrêter leurs actions hostiles et être à la hauteur de leurs engagements", avait-elle ajouté.

"Mécontentement" du nouveau gouvernement grec qui assure que la déclaration n’a pas le consentement d’Athènes

La diffusion de la déclaration commune des chefs d’Etat et de gouvernement a néanmoins suscité l’ire du gouvernement grec formé le 27 janvier, son nouveau Premier ministre, Alexis Tsipras, s’étant plaint de l’absence de consultation de son gouvernement sur le sujet.

Un communiqué du cabinet du nouveau Premier ministre grec, que rapportent l’AFP et Reuters notamment, affirme ainsi que "la déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE publiée aujourd'hui [le 27 janvier 2015, ndlr] a été diffusée en contournant la procédure normale visant à garantir le consensus des Etats membres, et sans le consentement de la Grèce". "Le mécontentement par rapport à la manière dont a été traitée cette question a été exprimé lors d’une conversation téléphonique entre le Premier ministre et la Haute Représentante de l’Union […]", y lit-on par ailleurs.

Le rapporteur du Parlement européen pour la Russie persona non grata à Moscou

Par ailleurs, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a annoncé par voie de communiqué, le 26 janvier 2015, que le rapporteur du Parlement européen pour la Russie, le Lituanien Gabrielius Landsbergis (PPE), qui devait s'y rendre du 29 au 31 janvier, avait été prévenu par les autorités russes qu'il n'était pas le bienvenu en Russie. Martin Schulz a indiqué avoir souligné à l'ambassadeur russe auprès de l'UE, Vladimir Chizhov, qu'une telle décision est contre-productive. "Je l'ai exhorté à reconsidérer la décision, étant donné l'importance de la visite pour les deux parties", a expliqué le président du Parlement selon lequel, malgré "la crise profonde actuelle que traversent nos relations, les canaux diplomatiques  de communication doivent rester ouverts".