Le 8 avril 2013, les ministres de l’Economie, Etienne Schneider, et des Finances, Luc Frieden, convoquaient la presse pour lui présenter le Haut Comité pour le soutien, le développement et la promotion de l’industrie au Luxembourg.
La question de l’industrie apparaît comme un enjeu crucial au niveau européen, et la Commission a présenté en octobre 2012 une stratégie visant à renforcer la politique industrielle de l’UE, ce que salue d’un "Enfin !" soulagé le ministre luxembourgeois de l’Economie. La création de ce haut comité s’inscrit par ailleurs dans la foulée des discussions pour le moins vives sur l’avenir de la sidérurgie européenne qui ont marqué le mois de février 2013. La Commission doit en effet préparer un plan d’action pour l’industrie européenne de l’acier sur la base des échanges qui ont été conduits pour le mois de juin 2013.
C’est dans ce contexte européen que s’inscrit l’action horizontale du gouvernement luxembourgeois pour donner un nouvel élan à l’industrie sur le territoire du Grand-Duché.
L’industrie est en effet en déclin et doit s’adapter à un environnement économique soumis à une rude concurrence mondiale suite à l’ouverture des marchés. Et, si le Luxembourg dispose toujours d’un tissu industriel diversifié, force est de constater que l’industrie luxembourgeoise ne représente plus que 5,5 % de la valeur ajoutée nationale et emploie directement 10 % de la population active du pays.
Pour autant, le gouvernement met aussi l’accent sur le fait qu’en termes de recherche et développement, 62 % des dépenses de R&D effectuées par des entreprises luxembourgeoises sont réalisées dans l’industrie. Outre la création d’emplois et de valeur ajoutée sur le territoire national, c‘est donc la capacité d’innovation qui est également visée par les débats sur l’avenir de l’industrie luxembourgeoise. De même, l’industrie exerce un effet d’entraînement important sur le secteur des services aux entreprises et sur la sous-traitance industrielle.
C’est donc dans un souci de soutenir et de donner un nouvel élan à l’industrie, ainsi que de piloter, d’orienter et de mieux coordonner les choix et actions gouvernementales affectant ce secteur qui fait face à des défis considérables, que le gouvernement a décidé de mettre en place un Haut Comité pour le soutien, le développement et la promotion de l’Industrie.
Une démarche qui est marquée par un souci de cohérence politique du gouvernement dont l’ambition est bien d’aider à créer les conditions de la croissance et qui est saluée par les industriels qui se réjouissent de cette nouvelle possibilité qui va leur permettre d’avoir un lieu d’échange avec les différents Ministères avec lesquels ils sont en contact.
À travers des échanges réguliers entre membres du gouvernement et des experts issus du monde industriel luxembourgeois, cet organe consultatif a un double objectif, à savoir préserver l’acquis et le tissu industriel existant et contribuer à créer un environnement propice à l’implantation de nouvelles activités industrielles en fédérant les acteurs publics concernés aux côtés de représentants de l’industrie luxembourgeoise.
Conformément aux priorités décrites dans la déclaration gouvernementale et conscient des objectifs formulés dans le Programme National de Réforme (Luxembourg 2020), le Haut Comité veillera à soutenir les entreprises industrielles actives sur les marchés internationaux et à identifier de nouvelles niches prometteuses.
Ces objectifs seront en phase avec les priorités actuelles en matière de développement économique visant à développer notamment les domaines de la logistique, des technologies de la santé, les écotechnologies et les technologies de l’information et de la communication.
Le Haut Comité discutera de toutes les problématiques en relation avec une révision de la politique industrielle luxembourgeoise. À travers des débats fréquents et ouverts, le Haut Comité fera le diagnostic des forces et faiblesses de notre industrie, formulera des recommandations, des plans d’action concrets et procédera à une revue des politiques nationales à la lumière des enjeux industriels auxquels le Luxembourg fait face.
Il se propose notamment de :
a. identifier, évaluer et soutenir les secteurs porteurs et niches potentielles futures de l’industrie luxembourgeoise ;
b. promouvoir l’emploi et les compétences industrielles (marché du travail);
c. soutenir la compétitivité des entreprises industrielles (environnement réglementaire, énergie et changement climatique, infrastructures);
d. évaluer et compléter le dispositif des aides en faveur de l’industrie (R&D, financement, capital-risque, infrastructures);
e. coordonner les actions et mesures décidées entre ministères et se concerter afin de défendre la position luxembourgeoise par rapport aux initiatives législatives européennes ayant un impact sur l’industrie ;
f. promouvoir le Luxembourg comme site d’implantation pour les entreprises manufacturières (prospection économique);
g. accompagner l’internationalisation des entreprises industrielles (commerce extérieur) ;
h. suivre et coordonner l’implantation de projets d’investissements majeurs ou stratégiques ;
i. soutenir l’innovation et les activités de R&D.
Le Comité a une composition de base avec le ministre ayant l’Industrie dans ses attributions et le ministre ayant les Finances dans ses attributions, ainsi que des représentants du secteur industriel, invités sur base de leurs compétences et expériences personnelles.
La présidence est assurée par le ministre ayant l’Industrie dans ses attributions.
Ce groupe sera, selon les thèmes à l’ordre du jour ou en fonction des sujets d’actualité, complété par un ou plusieurs membres du gouvernement, des experts, des représentants de chambres et associations professionnelles, les organisations syndicales.
À la demande du Haut Comité, des groupes de travail thématiques mèneront des réflexions approfondies autour de sujets leur désignés, tels que les initiatives européennes et nationales impactant la compétitivité de l’industrie, la politique énergétique et le changement climatique, la règlementation et les procédures administratives, l’organisation du travail, la flexibilisation du travail ou encore la formation et l’orientation professionnelle.
Sept groupes de travail ont d’ores et déjà été constitués, et ils vont plancher d’ici le mois de juin prochain sur les questions d’innovation et de R&D, d’organisation du droit du travail, d’énergie et de climat, de financement, d’éducation et de formation, d’infrastructures et de procédures ou encore de développement industriel.
Si le ministre Etienne Schneider a bien précisé que les syndicats seraient impliqués dans les groupes de travail thématiques qui les concernent, le LCGB a cependant réagi par voie de communiqué au lendemain de cette première réunion du Haut comité pour l’industrie pour revendiquer une implication directe et immédiate des syndicats. Si le LCGB salue la mise en place du haut comité, il déplore toutefois d’avoir appris la mise en place des sept groupes de travail par voie de presse, et il demande donc à être impliqué immédiatement dans les groupes de travail portant sur le droit du travail et la formation. Vu que les premières pistes concrètes devront être formulées pour le 27 juin 2013, le LCGB revendique que les décideurs politiques informent les syndicats le plus vite possible de l’agencement du calendrier de ces groupes de travail. Et le syndicat prévient que les recommandations élaborées par ces groupes de travail devront impliquer les représentants salariaux pour pouvoir être considérées comme valables.
Le LCGB se dit toutefois prêt pour un dialogue constructif au sein du comité pour l’industrie.